Bombardier échapperait un contrat de 1 milliard $

Bombardier Transport échapperait un contrat estimé à 1 milliard $ pour le renouvellement du parc de trains du corridor Québec-Windsor de VIA Rail, au profit de la multinationale allemande Siemens, qui elle, projetterait de construire les wagons en Californie. La nouvelle doit être confirmée par VIA Rail, avant la période des fêtes, de rapporter La Presse.

Selon le journaliste Denis Lessard, si Bombardier Transport avait obtenu ce contrat, elle aurait utilisé ses installations de La Pocatière pour la construction de ces 32 trains, tandis que l’ingénierie aurait été réalisée à son siège social de Saint-Bruno. Malgré tout, on mentionne que Bombardier serait demeurée prudente dans sa soumission quant à ses engagements de contenu intérieur afin de demeurer compétitive face à ses concurrents.

Joint par Le Placoteux, le directeur communications et relations publiques de Bombardier Transport, Eric Prud’Homme, a mentionné qu’en vertu des règles de cet appel d’offres lancé par VIA Rail en avril dernier, il ne pouvait se prononcer sur le comment Bombardier aurait réalisé ce contrat. Toutefois, il ajoutait que « de façon générale, au Canada l’environnement commercial représente un défi supplémentaire. Chez nous, on ne peut pas mettre à profit pleinement notre immense présence, soit l’expertise de nos équipes locales et de celle de nos installations. Par exemple, chez nos voisins américains, la dynamique est totalement différente; les investissements locaux sont reconnus par les décideurs », s’est-il contenté de commenter.

Accords internationaux

Précisons qu’en raison des ententes de libre-échange actuelles avec l’Europe et les États-Unis, une société de la Couronne comme VIA Rail ne pouvait exiger un pourcentage de « contenu canadien » pour ce contrat, ce que déplore le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon. « On a l’impression que c’est toujours Bombardier qui est pénalisée par les ententes internationales. »

De son côté, le député fédéral de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, va plus loin et jette le blâme sur Justin Trudeau. « Amtrak, la société d’état américaine, est assujettie aux exigences “Buy America.” Oncle Sam demande actuellement que les trains contiennent 65 % de contenu américain, un chiffre qui passera même à 70 % à partir de 2020. Justin Trudeau aurait eu la chance de mettre fin à cette injustice dans le cadre des négociations sur l’AEUMC et il a complètement échoué! C’est deux poids, deux mesures, et ce sont les Canadiens qui y écoperont pendant des années à venir », a-t-il réagi par voie de communiqué.

Même son de cloche pour le président du Syndicat des employés de l’usine Bombardier de La Pocatière, Claude Michaud. « Que se soit pour les travailleurs de l’usine de La Pocatière ou pour les contribuables canadiens, c’est tout simplement inconcevable de savoir que des wagons qui doivent servir au Canada seront construits aux États-Unis », a-t-il déclaré.

Il espère donc que VIA Rail revoit sa décision et qu’elle relance un processus d’appel d’offres qui pourrait être évalué par Bombardier et Siemens sous forme de consortium. Bernard Généreux abonde dans le même sens et demande au ministre canadien des Transports, Marc Garneau, d’inviter VIA à discuter avec le constructeur canadien.