Les membres de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet (CCKL) ne peuvent que se réjouir de la nomination de sa nouvelle directrice générale, Mme Nancy Dubé. Mais au-delà des réjouissances, il serait très à propos de lui souhaiter une « bonne chance » bien sentie dans ses nouvelles fonctions, car le défi qu’elle aura à relever demeure titanesque.
En entretien avec notre journaliste Stéphanie Gendron, Mme Dubé a elle-même reconnu que la Chambre de commerce avait une « petite côte à remonter », mais que les membres demeurent « fidèles. » Elle n’a pas tort. Bon an mal an, ce nombre tourne autour de 350 sur tout le territoire de Kamouraska-L’Islet. Toutefois, où la côte risque peut-être d’être plus difficile à remonter qu’elle ne le pense, c’est principalement au chapitre des finances de l’organisation et de la représentativité régionale.
Mince marge de manœuvre?
Lors de l’assemblée générale tenue en avril 2018, la CCKL dévoilait un déficit d’opération de 22 233 $ et un actif net d’un peu moins de 55 000 $. Ce déficit, le conseil d’administration de l’époque l’attribuait principalement à l’embauche du précédent directeur général Luc Forgues qu’il venait tout juste de congédier, et qui, avouons-le, n’avait jamais vraiment eu le temps de faire ses preuves en étant à l’emploi de l’organisation durant moins d’un an.
Lors de l’assemblée générale de cette année, la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet mentionnait qu’elle avait pratiquement effacé tout le déficit réalisé lors de l’année précédente. On peut donc déduire que son actif net s’est sûrement peu bonifié, ce qui ajoute une pression de résultats rapides sur les épaules de la nouvelle directrice générale, un peu comme son prédécesseur.
Parce qu’avec un coussin financier qu’on peut supposer si peu élevé et maintenant deux employés à l’embauche, il serait surprenant que la CCKL dispose d’une plus grande marge de manœuvre qu’à l’époque du précédent directeur général. Et si Mme Dubé désire demeurer en fonction assez longtemps pour mieux « défendre, représenter et soutenir » les membres de l’organisation, elle devra consacrer une bonne partie de ses énergies à trouver de nouvelles sources de revenus pour la Chambre de commerce.
Pour y parvenir, elle peut toujours accentuer le démarchage pour recruter de nouveaux membres, même si le nombre semble plafonner depuis maintenant quelques années. Mais à ce chapitre, nos PME qui ne savent déjà plus où donner de la tête au quotidien, qui ne roulent pas sur l’or et qui ne manquent pas d’organisations à joindre dans la région, promettant toutes de défendre leurs intérêts en échange d’un membership, ne sont pas gagnées d’avance. Il reste toujours la possibilité d’organiser davantage d’activités payantes afin d’augmenter les sources de revenus de l’organisation, mais là encore, c’est la participation des gens qui fera foi de tout.
Représentativité régionale
Outre le défi financier, un des chantiers majeurs auxquels Nancy Dubé devra s’attaquer est la représentativité régionale au sein du conseil d’administration. Si celui-ci n’est pas composé exclusivement d’entrepreneurs en affaires à La Pocatière, il est rare que la présidence ne soit pas assumée par un administrateur pocatois. Au final, malgré son mandat régional depuis 2001, la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet reste encore, aux yeux de plusieurs, celle de La Pocatière. Ainsi, au lieu d’y adhérer et de s’y investir, certains commerces à l’extérieur de la zone d’influence naturelle de La Pocatière préféreront s’investir chez eux dans des organisations à l’impact plus local que régional, faute de se sentir réellement représenter par la CCKL.
Et c’est sans parler du lien de moins en moins « naturel » entre les MRC de Kamouraska et de L’Islet, toujours de mieux en mieux ancrées dans leur région administrative respective, qui fait que la MRC ouest se retrouve avec un destin économique qui semble de plus en plus lié à Montmagny, alors que la MRC est a plutôt l’habitude de se concerter seule à ce chapitre. En ce sens, l’embauche d’une directrice générale originaire de Saint-Damase-de-L’Islet aidera assurément à solidifier les liens entre ces deux « solitudes » qui semblent s’être éloignées avec le temps.
Bref, tant mieux si Nancy Dubé voit l’ensemble de l’œuvre comme une « petite côte à remonter. » Espérons seulement qu’elle aura tout l’appui de son conseil d’administration lorsqu’elle approchera des segments un peu plus abrupts.