Piquée par une tique à l’été 2014, Marie-Christine Pelletier de Sainte-Anne-de-la-Pocatière plaide pour une meilleure prévention de la maladie de Lyme par les organisations en santé publique de la région. Vivant depuis avec les conséquences de cette maladie, elle désire éviter à d’autres personnes d’être infectées sur le territoire et ainsi voir leur vie bouleversée du jour au lendemain.
Marie-Christine Pelletier était sur un terrain familial en bordure de la rivière Ouelle lorsqu’elle s’est fait piquer par une tique infectée il y a cinq ans. Dès lors, une rougeur en forme de cible qui a perduré durant trois semaines est apparue sur le haut se sa poitrine. « J’ai consulté ma médecin et elle ne savait pas ce que c’était. Mais comme le Bas-Saint-Laurent ne faisait pas partie des régions à risque pour contracter la maladie de Lyme à l’époque, et c’est encore le cas aujourd’hui, je ne la blâme pas de ne pas avoir investigué en ce sens-là », se souvient-elle.
Ce n’est que quelques mois plus tard, en mai 2015, après plusieurs mois de fatigue chronique, de douleurs articulaires, de raideurs à la nuque et d’une recherche sur le web qui lui a permis de valider que ces symptômes pouvaient être associés à la maladie de Lyme que Marie-Christine Pelletier a consulté de nouveau. « Mais ce qui a été vraiment déterminant, c’est la tache qui a été occasionnée par la piqûre. En fouillant, j’ai compris que c’était en fait un érythème migrant, une des manifestations extérieures de la maladie de Lyme », ajoute-t-elle.
Malgré cela, Marie-Christine Pelletier avoue qu’elle a dû insister auprès de sa médecin lors de cette deuxième consultation pour qu’elle puisse passer un premier test qui a permis de détecter qu’elle était réellement atteinte de la maladie de Lyme.
« Comme elle savait que je n’avais jamais quitté mon environnement immédiat, l’été précédant, et que la région n’était pas considérée comme une “zone à risque”, elle ne voyait pas la nécessité de le faire (le test) », rappelle-t-elle.
Aussitôt référée à un infectiologue de Rivière-du-Loup, Marie-Christine Pelletier a dû se soumettre à un second test, appelé ELISA, à prendre à la légère dans l’émission des diagnostics aux patients selon certains scientifiques, professionnels de la santé et l’Association québécoise de la maladie Lyme, en raison d’un nombre important de faux négatifs qu’il émettrait. « Moi-même j’ai été testée négative à ce test-là. Mais avant même d’avoir le résultat, mon infectiologue n’avait pas hésité à me prescrire un traitement aux antibiotiques, car les symptômes étaient au rendez-vous et que j’avais eu un érythème migrant », résume-t-elle.
Mieux prévenir
Cinq ans après les premiers symptômes, l’état de Marie-Christine Pelletier a fini par s’améliorer suffisamment pour qu’elle se juge maintenant « fonctionnelle. » Toutefois, elle avoue encore consulter une naturopathe de Montréal sur une base régulière et s’être payée, à grands frais, un traitement aux antibiotiques par l’entreprise d’une médecin spécialiste de Plattsburgh, traitement qu’elle a financé grâce à une levée de fond.
Aujourd’hui, même si elle se considère chanceuse d’avoir été prise au sérieux par un professionnel de la santé, elle déplore le manque de prévention autour de la maladie de Lyme dans la région. Une situation qu’elle attribue au fait que la direction de la santé publique du Bas-Saint-Laurent ne reconnaît pas que la maladie puisse se développer suite à une piqûre de tique survenue sur son territoire.
Une vérification faite auprès du CISSS du Bas-Saint-Laurent vient confirmer cette affirmation. Si l’établissement recense neuf cas de la maladie de Lyme déclarés sur son territoire depuis 2013, il précise que ceux-ci sont tous dus à des piqûres contractées à l’extérieur de la région. Une réponse qui dépasse Marie-Christine Pelletier. « Ce n’est pas vrai, j’ai été piquée ici, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Je n’ai jamais quitté la région cet été-là », martèle-t-elle.
Il faut dire qu’officiellement, le Bas-Saint-Laurent ne figure pas dans la liste des régions où ont été observées les populations de tiques à pattes noires responsables de la transmission de la maladie de Lyme, selon le portail internet du gouvernement du Québec. En contrepartie, il y est tout de même mentionné que celles-ci peuvent aussi se trouver dans d’autres régions du Québec en ayant été transportées par des oiseaux.
Une mésaventure qui vient donner raison à Marie-Christine Pelletier, puisqu’il revient aux directeurs de santé publique de déterminer si une ordonnance collective pour le traitement répond au besoin de leur région. « Les gens doivent savoir les risquent auxquels ils peuvent être exposés dans la région pour prendre leurs précautions en conséquence, et avoir accès, au besoin, à un traitement préventif rapide. La maladie de Lyme peut devenir vraiment invalidante pour les gens qui en souffrent lorsqu’elle n’est pas traitée adéquatement et rapidement », conclut-elle.