Si l’achat d’Air Transat par le transporteur Air Canada se concrétise, Danie Jean de Voyage La Pocatière dit s’inquiéter du monopole que l’entreprise pourrait détenir dans l’industrie du voyage, à moins que les deux « marques » soient traitées distinctement.
Évoluant dans le domaine du voyage depuis une vingtaine d’années, Danie Jean se demande encore si l’offre d’achat d’Air Canada approuvée par les actionnaires de Transat dans une proportion de près de 95 % allait passer l’étape du Bureau de la concurrence.
« Je crois qu’ils vont devoir prouver qu’ils vont gérer les deux marques de façon distincte », ajoute-t-elle.
C’est ce qu’Air Canada s’est engagée à faire, en précisant qu’elle conserverait l’entité Transat et son siège social montréalais. Si c’est bien le cas, les consommateurs pourront peut-être encore espérer des tarifs abordables puisque les deux compagnies opèrent déjà de façon fort différente, rappelle Danie Jean. « Air Canada offre des vols réguliers, donc à tous les jours ou plusieurs fois par jour, que l’avion soit plein ou non. Au final, l’achat d’un billet dernière minute, par exemple, se fera souvent à plein tarif. En contrepartie, Air Transat est spécialisée dans les vols nolisés, c’est-à-dire un à deux vols par semaine, et les tarifs dernière minute sont souvent plus intéressants. »
Pas d’inquiétude
Jusqu’à maintenant, Danie Jean avoue ne pas avoir observé d’inquiétudes chez sa clientèle depuis que l’offre d’achat d’Air Canada a été entérinée par les actionnaires de Transat, il y a deux semaines. Malgré la réputation souvent plus enviable d’Air Transat au chapitre du service à la clientèle, rares sont les voyageurs qui préféreraient une compagnie aérienne à l’autre.
Selon elle, l’ensemble des compagnies canadiennes jouirait d’un préjugé favorable auprès des voyageurs. Le coût des billets et les escales seront donc les principaux éléments qui inciteront ces derniers à choisir une compagnie plus qu’une autre. « Aujourd’hui, les gens ne font plus trop la différence. Avant, s’ils avaient la possibilité de voyager avec une compagnie régulière au même tarif qu’une compagnie nolisée, ils choisissaient peut-être plus souvent la compagnie régulière parce qu’elle offrait plus de confort en cabine et une flexibilité sur les départs. Mais ces dernières années, avec Transat qui a fait une mise à niveau de ses avions pour offrir plus d’espace et de confort à ses voyageurs, les tarifs sont vraiment devenus le nerf de la guerre de l’industrie », précise Danie Jean.
Bref, c’est pourquoi elle dit souhaiter que les deux marques puissent continuer d’exister dans leur créneau respectif pour le bien des consommateurs. « Ça prend une saine compétition dans le domaine du voyage, c’est certain. On va continuer de suivre le dossier », conclut-elle.