Loin d’être aussi répandue qu’en Montérégie ou dans les Cantons-de-l’Est, la viniculture est pourtant bien implantée dans Kamouraska—L’Islet depuis une bonne vingtaine d’années. Véritables pionniers, les rares passionnés qui s’y adonnent travaillent d’arrache-pied à l’enrichissement de notre terroir régional dans l’adversité climatique la plus totale. En cette saison des vendanges, Le Placoteux dresse le portrait de trois de ces entreprises en voie d’atteindre la maturité de ces grands crus qui font saliver.
Lorsqu’il s’est lancé dans la culture de la vigne il y a 20 ans à Saint-Jean-Port-Joli, Sébastien Vaillancourt semblait croire bien naïvement que cette aventure serait un projet de retraite parmi tant d’autres.
« Les gens autour de nous disaient que ça ne fonctionnerait pas », confie-t-il.
Peut-être avait-il envie de faire taire les mauvaises langues ou peut-être carburait-il simplement à cette passion de la terre et de la vigne qui est souvent le moteur de lancement de la plupart des vignerons qui fonce tête baissée dans un projet de cette ampleur? L’histoire ne le dit pas.
Toujours est-il qu’après avoir fait l’acquisition de six hectares de terre non loin de l’Auberge du Faubourg – qui donnera le nom au vignoble – Sébastien Vaillancourt a planté 2500 plants la première année. L’année suivante, 10 000 de plus. 5000 à 6000 les années suivantes et ainsi de suite, jusqu’à atteindre le chiffre de 18 000 aujourd’hui. En cours de route, il a même arraché 5000 plants de Vandal-cliche, un cépage blanc québécois développé dans les années 80 qui fait la fierté de ceux qui le cultivent, mais qui donne souvent des maux de tête aux vignerons en raison de sa fragilité aux maladies.
Au total, c’est environ 17 variétés semi-rustiques adaptées au climat d’ici qui s’élancent de chaque côté du bâtiment bucolique de la rue des Bourgault qui rassemble et la boutique et le chai, là où le vin est produit. Ils servent à l’élaboration de 10 produits différents, allant des vins fortifiés au mousseux, en passant par les traditionnels vins rouges, vins blancs, vins rosés, mais également les moûts de pommes et raisins pétillants et vins de paille. Annuellement, le vignoble produit entre 8000 et 10 000 de ces bouteilles vendues à 90 % sur place.
Défis
Par sa production et le nombre de vignes en activité, le Vignoble du Faubourg est actuellement le plus gros vignoble de Kamouraska—L’Islet. Malgré l’expertise qu’il a développée au fil des ans, il ne demeure pas à l’abri des défis pour autant. Parmi eux, continuer de répondre à un intérêt grandissant pour les vins québécois tout en maintenant une production de qualité et expérimenter davantage le vieillissement de leurs produits, une étape difficile à réaliser quand le volume de production suffit à répondre à la demande.
Mais rendre les raisins à maturité est sans contredit le plus grand des défis. Pas facile quand le climat, toujours de plus en plus changeant, enchaîne coup sur coup des années trop chaudes ou trop froides, trop sèches ou trop pluvieuses. Inévitablement, cette nature capricieuse finit par teinter le vin en apportant des subtilités qui s’imposent annuellement dans les assemblages du Vignoble du Faubourg. « En même temps, c’est distinctif. C’est du terroir, ce n’est jamais pareil et ça va toujours être comme ça », poursuit la fille de Sébastien, Marie-Noëlle Vaillancourt.
Ce que croit aussi son père. « Des Français sont passés récemment et ils nous ont félicités pour nos vins, parce qu’ils sont différents. Du chardonnay et du riesling, ce n’est pas ce qu’ils veulent goûter, ils en ont chez eux. C’est pourquoi il faut persister à vouloir développer notre terroir au Québec. C’est comme ça qu’on va se distinguer », conclut Sébastien Vaillancourt.