Le 21 octobre, les électeurs canadiens sont appelés aux urnes. Le Placoteux a rencontré les quatre candidats des principaux partis, le Parti libéral du Canada, le Parti conservateur, le Bloc Québécois et le Nouveau parti démocratique, dans Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup. Voici leurs positions sur les enjeux qui vous concernent.
(Le Placoteux) Il semble qu’il ressort de cette présente campagne que l’environnement est au cœur des priorités des électeurs. Concrètement, quelles mesures de votre programme affecteront le quotidien des citoyens de la région?
(Hugo Latulippe) C’est certain que la transition écologique de l’économie, c’est vraiment ça le cœur de mon programme à moi et le NPD décline cela en plusieurs aspects. Première : la construction. Le NPD veut changer le Code du bâtiment pour que soient intégrées les questions d’émission de carbone. Ça vient avec un aspect social, car il faudra former les travailleurs. Il y a toujours un aspect social et environnemental, et forcément économique. La question de l’automobile, le plan est qu’en 2040, il ne se vende plus d’automobiles qui ne soient pas électriques. On propose de supporter les gens qui vont installer des bornes à la maison jusqu’à la hauteur de 600 $, augmenter les incitatifs fiscaux en coupant la taxe fédérale à l’achat et augmenter les avantages à 15 000 $ si le véhicule est construit au Canada.
(Le Placoteux) Excluant tout ce qui concerne l’immigration, que proposez-vous pour aider à contrer la pénurie de main-d’œuvre dans nos entreprises?
(Hugo Latulippe) Il y a la question des gens partis vers la ville qui devraient revenir. Il y a quand même un mouvement, dans la région, dans le Kamouraska, c’est clair. Ça ne va pas s’arrêter, si tu offres plus de transports en commun, plus d’agriculture de proximité, des journaux locaux, des cafés, une vie sociale… les gens des villes vont être d’accord de revenir. Il faut développer certains créneaux. Montmagny a investi beaucoup dans la culture, c’est assez audacieux, c’est ça qui va intéresser des gens.
(Le Placoteux) Parlons immigration. Comment comptez-vous faciliter l’arrivée et l’intégration des travailleurs immigrants dans nos entreprises?
(Hugo Latulippe) Il faut être capable de transmettre l’amour du Québec à ces gens-là. On parle beaucoup d’incitatifs fiscaux, d’emplois, d’arguments qui sont cartésiens et rationnels. Pour que les gens se disent Québécois, il faut qu’ils aiment notre pays, notre langue. Si tu amènes tes gens à la cabane à sucre, sur une maison à l’île Verte, etc., tu es en train de transmettre ton pays. Il faut transmettre une fierté et il faut qu’on l’ait pour cela.
(Le Placoteux) Dans le domaine de l’agriculture, les producteurs de porcs et les producteurs laitiers, entre autres, ont été très affectés par les conflits commerciaux et les négociations des accords de libre-échange. Quels engagements prenez-vous envers eux?
(Hugo Latulippe) Il faut exclure l’agriculture des accords de libre-échange. On peut mener cette bataille-là. Il faut défendre la capacité des états à légiférer sur leur agriculture et à protéger les frontières. Ici, il faut développer un « brand » d’agriculture paysanne locale raisonnée.
(Le Placoteux) Au sujet de la loi 21 au Québec sur la laïcité, qui inclut l’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État en situation d’autorité, quelle est votre position personnelle au sujet de cette loi? Que ferez-vous si votre parti prend un vote ou une position officielle sur la question?
Je suis pour un état laïque à 100 %, le NPD aussi. Là où il y a des discussions à avoir, c’est le port des signes distinctifs. Mes enfants ont grandi à Montréal, dans le Bas-du-Fleuve et en Europe. Ç’a été très tard avant qu’ils remarquent les signes distinctifs des enfants ou des maîtresses. C’est un bel exemple de ce que c’est d’être Québécois. On a un rapport humain d’abord. Que la maîtresse porte un foulard, moi, honnêtement, et vous pouvez me « verbatimer », je m’en « torche. » De mon côté, je prends la politique au premier degré. C’est de porter la voix des gens d’ici à Ottawa. Bernard Généreux (NDLR : le député conservateur sortant) est efficace sur le territoire et je suis le premier à le trouver gentil ce monsieur-là, mais à Ottawa, il ne dit pas un mot.
(Le Placoteux) En terminant, nommez vos trois principales priorités pour le comté.
L’environnement; le fait de parler d’environnement et de ne pas faire grand-chose, moi, ça me dérangerait comme bilan de vie. J’ai fait des films là-dessus, pendant 25 ans. Après mes films, les gens me demandent : « pourquoi tu ne le fais pas toi? » À un certain moment, le gars qui veut être cohérent dans la vie, devant ses enfants et devant lui-même s’est dit : « OK, je vais y aller! » La beauté; les grecs ont mis cela au centre de leurs idées. C’est la synthèse d’une conception de la vie. Il faut protéger ce qui est beau : nos liens, le pays autour, la qualité de vie, la liberté. Le pays; j’ai plusieurs niveaux de pays, je vais en choisir un, je vais parler de l’île Verte, un pays placé dans un gisement de beauté. Si tu amènes un immigrant-là, il ne repartira pas, c’est sûr. C’est important de fréquenter notre pays. Appartenir à un territoire, je trouve cela important, il faut transmettre ça à nos enfants et aux immigrants. Qu’est-ce qu’on fait avec le Québec dans le Canada? Le mouvement matérialisé politiquement en Bloc québécois et Parti québécois est devenu obsédé par la fin, mais a oublié le moyen d’être une société différente. De mon côté, je suis très attaché aux moyens.