Le programme de reboisement social mis de l’avant par Arbre-Évolution porte bien son nom selon Simon Côté, coordonnateur de la coopérative qui a pignon sur rue à L’Islet. S’il s’agit pourtant d’une forme de compensation carbone, sa vocation première est de répondre à des besoins communautaires à travers des projets de reboisement.
Simon Côté apportait cette précision suite à une série d’articles publiés dans La Presse+ du 15 octobre. Dans le cadre de leur enquête, les journalistes Tristan Péloquin et Martin Tremblay rapportaient le résultat mitigé de certains projets de compensation carbone par le biais de plantations d’arbres. Dans certaines situations, on pouvait lire que des sites ont été carrément abandonnés parce que les plantations n’ont pas survécu, ou dans d’autres, que les arbres ont parfois été coupés par inadvertance par des Municipalités qui avaient déclaré la guerre à l’herbe à poux.
Dans la grande région de Montréal, ces projets de plantation d’arbres ont été développés suite à des accords signés entre les entreprises proposant la vente de crédits de carbone et des propriétaires de terrains dévalorisés. Une approche qui diffère de celle privilégiée par Arbre-Évolution rappelle Simon Côté. « Nous, on ne vend pas de crédits de carbone et nous ne sommes pas accrédités pour le faire non plus. »
La voie développée par Arbre-Évolution, depuis cinq ans, est plutôt celle du reboisement social. L’objectif de ce programme est d’associer la séquestration du carbone à des projets de reforestation bénéfiques pour les communautés et leur environnement. Il implique qu’une entreprise désireuse de compenser ses émissions de carbones le fasse en finançant un projet de plantation d’arbres au sein d’une Municipalité.
« Les sites sont publics, donc les chances que la plantation puisse survivre durant 50 ans sont plus grandes que lorsqu’il s’agit d’un terrain privé qui peut se retrouver à changer de propriétaire, éventuellement », explique Simon Côté.
Jusqu’à maintenant, plus d’une centaine de ces initiatives ont été réalisées partout au Québec par Arbre-Évolution, notamment à La Pocatière et à Saint-Philippe-de-Néri. Parmi les entreprises qui y ont pris part, mentionnons Ras L’Bock, Linéaire-Design, Autocar Bas-Saint-Laurent, Plastiques Gagnon et Total Fabrication.
Modèle résilient
Selon Simon Côté, l’avantage du modèle développé par sa coopérative réside dans l’implication de l’entreprise qui finance le projet souvent dans son entièreté dès le jour un et la communauté qui désire le voir se concrétiser. Mutuellement, les deux parties ont intérêt à ce que la plantation se réalise et survive. Si l’intervention humaine en venait à faire mourir des arbres, la Municipalité bénéficiaire du projet de reboisement social a la responsabilité de les replanter selon l’entente-cadre signée avec Arbre-Évolution. S’ils meurent de causes naturelles, ils seront remplacés par Arbre-Évolution qui peut tolérer jusqu’à 20 % de mortalité afin qu’un projet demeure « viable. » « Nos taux de survie pour les premiers projets qu’on a réalisés s’approchent de ça, 80 % », précise Simon Côté.
Quant au suivi des différentes plantations, celui-ci est réalisé par Arbre-Évolution lui-même. L’inspection des premiers projets réalisés il y a quatre ou cinq ans a d’ailleurs débuté, mentionne Simon Côté. « Notre modèle est vraiment basé sur la confiance avec le client et on pense qu’il est assez résilient parce qu’il ne met pas seulement en valeur le carbone. Les contrecoups que les articles de La Presse+ risquent de créer sont une perte de confiance des gens envers ce type d’initiative. Ce serait dommage de tout mettre dans le même bateau », déplore-t-il.