Leur vie est intimement liée à celle du Collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Chacun à leur époque, ils y ont été étudiants puis enseignants. Aujourd’hui, ils y évoluent toujours comme directeur adjoint ou prêtre enseignant retraité. Possédant à eux deux plus de 100 de souvenirs de cette institution, l’abbé Hubert Lévesque et Jean Sasseville racontent comment le Collège en est venu à les habiter, et eux, à ne jamais s’en détacher.
Hubert Lévesque est arrivé au Collège comme élève en 1950 pour suivre son cours classique qu’il a terminé en 1958. De retour comme prêtre enseignant en 1962, il réside au Collège depuis et n’en est plus jamais reparti.
Jusqu’en 2003, il a enseigné la géographie, l’histoire et l’enseignement religieux. Parmi ses élèves, Jean Sasseville, aujourd’hui directeur général adjoint du Collège, qui a fait son secondaire de 1976 à 1981 et qui n’a jamais été infidèle à l’établissement sauf de 1991 à 1995, lorsqu’il enseignait au Petit Séminaire de Québec.
Adieu aux finissants
Deux temps différents, mais où quelques traditions ont tout de même subsisté, comme l’adieu aux finissants. Toujours aussi émotive, la pratique a tout de même évolué au fil du temps.
À l’époque d’Hubert Lévesque, les finissants se regroupaient sur le plateau de la montagne et descendaient en rang avec un ruban épinglé sur eux. La couleur de ce ruban était la façon de dévoiler aux familles le domaine dans lequel ils allaient poursuivre leurs études, rappelle l’abbé Lévesque. « Le rouge, c’était médecine. Le vert, c’était le droit. Le blanc, c’était la prêtrise », dit-il, en exemple.
23 ans plus tard, lors de la graduation de Jean Sasseville, cette pratique n’existait plus. Enfant de la « réforme Parent » des années 60, le cours classique était chose du passé et le Collège était désormais une école d’enseignement secondaire privée. Par contre, une tradition a survécu, le chant d’adieu « Fils de Ste-Anne » composé en 1910 et toujours entonné depuis ce temps en hommage aux finissants, à la toute fin de la remise des diplômes.
Les « navots »
Surnom donné aux jeunes élèves faisant leur entrée au Collège Sainte-Anne, le terme « navots » et l’initiation qui l’accompagnait seraient disparus au courant des années 80. « Je dirais quelque part entre 150e et la 160e promotion », de l’avis de Jean Sasseville.
L’initiation en question, appelée « soupe des navots », consistait à faire prendre un bain de neige aux élèves de 1re secondaire dès les premiers flocons. « On le savait dès la rentrée qu’on allait y passer, dès que la première neige tomberait », se souvient Jean Sasseville, sourire aux lèvres.
Une fois la 2e secondaire atteinte, les « navots » passaient le titre à la nouvelle cuvée fraîchement rentrée, devenant ainsi les nouveaux initiateurs à la « soupe. » « Nous, on restait “navot” plus longtemps. Les anciens nous envoyaient même payer leurs bancs de chapelle chez le directeur », s’exclame Hubert Lévesque. « C’était une forme de «taxage» finalement », poursuit Jean Sasseville, en riant.
Sentiment d’appartenance
Au-delà des anecdotes, des traditions et de l’enseignement qui peuvent différer d’une époque à l’autre, ce qui unit avant tout Hubert Lévesque, Jean Sasseville et tous les anciens du Collège, c’est ce sentiment d’appartenance à l’institution qui continue d’habiter longtemps ceux qui ont fréquenté l’école. « Les activités, les sorties, les collègues, les élèves. Les liens qu’on tisse au fil du temps contribuent beaucoup à cet attachement qu’on développe et qu’on continue d’entretenir avec le Collège », confie l’abbé Lévesque.
Pour Jean Sasseville, le Collège a carrément orienté sa vie. Dès sa 1re secondaire, la découverte de l’athlétisme a assouvi sa passion pour les sports qui l’a conduit à devenir enseignant en éducation physique. Il a d’ailleurs obtenu son baccalauréat à l’université de Sherbrooke, parce qu’il s’était dit qu’il irait étudier dans cette ville après l’avoir découverte lors d’une participation aux championnats provinciaux d’athlétisme où il représentait le Collège Sainte-Anne, avoue-t-il. « Le Collège a clairement eu une incidence sur plusieurs sphères de ma vie. Et c’est ça en quelque sorte le sentiment d’appartenance », conclut-il.