Publicité

Une façon de voter questionnée à La Pocatière

Lucie Thériault. Photo : Stéphanie Gendron.

Une résidente du Domaine Angélique de La Pocatière et ses deux enfants trouvent curieux que la dame, une personne âgée autonome, ait dû voter à haute voix et non en vote écrit comme elle l’a toujours fait, devant deux représentants d’Élection Canada en prévision de l’élection du 21 octobre dernier.

Lucie Thériault a été surprise qu’on lui demande de dire son vote à haute voix, lors du vote à domicile tenu avant le vote officiel, qui se tenait dans sa résidence. Le tout s’est déroulé dans une salle privée.

Elle indique qu’on lui aurait répondu « qu’au fédéral, ce n’est pas comme au provincial. »Mme Thériault assure qu’on ne lui aurait pas donné de papier à glisser dans une boîte, ou quoi que ce soit d’autre.

« C’est eux qui ont tout fait. Nous, on faisait juste regarder », dit-elle. « Je trouvais ça curieux, ça a m’a surpris comme façon de faire », a confié la dame de 93 ans, qui n’a visiblement pas de problème de vue et qui n’a pas de handicap aux bras. Elle estime qu’elle aurait été en mesure d’écrire son choix sur un papier.

Selon sa fille Réjeanne Hudon et elle, d’autres résidents auraient confié avoir voté de cette façon, mais n’auraient pas osé, sur le coup, remettre la façon de faire en question.

La façon dont s’est déroulé le vote, c’est-à-dire à haute voix, a aussi été racontée au directeur de la résidence, qui n’était toutefois pas sur place lorsque cela s’est produit.

Infantilisant

Lorsque Mme Thériault a confié à ses enfants la façon dont s’était déroulé le vote, ils ont trouvé cette façon de faire très infantilisante et méprisante pour les personnes âgées.

« Ils prennent des personnes âgées pour des cons, si c’est comme cela que ça se fait, il faut que ça change d’ici à ce que je sois vieille », estime sa fille Réjeanne Hudon.

« Admettons que tu voulais voter, par exemple, marxiste-léniniste, tu as une petite gêne, tu te dis que tu vas voter plus “normal” (si tu dois le dire à haute voix) », estime son fils Michel Hudon.

« Tout le monde connaît tout le monde à La Pocatière. Ce sont des gens de la place. Ce n’est pas acceptable, mais ça l’est encore moins en région », ajoute Réjeanne Hudon.

Élections Canada

Questionné à ce sujet, Élections Canada confirme qu’une demande de vote à domicile a été effectuée, sous le processus de vote par bulletin spécial, c’est-à-dire que la personne doit écrire le nom du candidat pour lequel elle veut voter. On ajoute que dans certains cas où l’électeur n’est pas en mesure de remplir lui-même le bulletin, comme une paralysie ou une personne partiellement ou complètement non voyante, le scrutateur peut lui offrir de remplir le bulletin à sa place en lui demandant de lui dire à voix haute le nom du candidat choisi. Toutefois, la décision d’opter pour cette solution se fait vraiment au cas par cas.

« Ce qu’on nous explique c’est que même si la résidence en question est pour personnes autonomes, il se peut tout de même qu’il y’en avait qui ne pouvaient pas, pour une raison ou une autre, remplir eux-mêmes leur bulletin de vote. On leur a alors offert l’option d’indiquer verbalement au scrutateur pour qui ils voulaient voter, afin que celui-ci remplisse le bulletin pour eux », a indiqué Natasha Gauthier, conseillère principale, relations avec les médias pour Élections Canada.

Une réponse qui laisse perplexe la famille de Mme Thériault.

Cette dernière affirme qu’avoir su qu’elle devrait voter ainsi, elle se serait rendue avec ses enfants à son bureau de scrutin habituel plutôt qu’utiliser le service qui lui était offert à sa résidence.