Déjà 11 églises ou chapelles ont été cédées à des promoteurs privés, des OBNL ou des municipalités depuis 2012 sur le territoire du Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Dans Kamouraska—L’Islet seulement, au moins six autres communautés sont actuellement en réflexion quant à l’avenir de leurs églises. Alors que dans certains villages les projets de transfert et de reconversion se butent à la dure réalité des coûts astronomiques qu’ils représentent, d’autres rêvent toujours de sauver ces bâtiments avec des projets aussi ambitieux que mobilisateurs. Portrait de la situation en quatre temps.
Chauffée à l’huile, l’église de Saint-Germain coûte annuellement entre 13 000 et 15 000 $ à la Fabrique, un somme qu’elle n’est plus en mesure de défrayer. Dès janvier, un plombier viendra donc vidanger les calorifères de la nef et cette dernière sera condamnée. Les cérémonies religieuses se limiteront désormais à la sacristie, comme c’est le cas depuis le début de 2019.
« Il y aura une dernière messe de Noël dans la nef. Après ça, si jamais on la réutilise, ça sera en été, quand on n’a pas à chauffer », résume Lucie Laplante, présidente de la Fabrique de Saint-Germain.
Depuis quelques années, à l’image de bien d’autres fabriques au Québec, celle de Saint-Germain essaie de survivre du mieux qu’elle peut, tout en essayant de maintenir son église en bon état. Même si elle prévoyait donner l’église à Parvis Saint-Germain pour qu’elle y réalise son projet de gym d’escalade intérieur, entre-temps, la Fabrique n’a jamais cessé d’entretenir le bâtiment et d’y faire des réparations mineures, ou même majeures, lorsque nécessaire. Maintenant que l’incertitude plane au-dessus du projet de Parvis Saint-Germain, la Fabrique n’a eu d’autres choix que de prendre des décisions difficiles pour assurer sa survie à long terme.
La messe dominicale étant de moins en moins courue – tout au plus une dizaine de personnes – il devenait complètement injustifié pour elle de continuer à tenir des offices religieux dans une nef beaucoup trop grande. « On a évalué la possibilité de convertir le chauffage du bâtiment en un chauffage électrique, mais dans un contexte où on ne sait pas encore combien de temps on pourra continuer à opérer, l’investissement n’est pas réaliste », ajoute la présidente.
Cercle vicieux
Si la Fabrique ne cache pas sa déception devant la fin probable du projet de Parvis Saint-Germain, elle avoue se retrouver aujourd’hui dans une forme de cercle vicieux. Toujours ouverte à une cohabitation future dans le cadre d’un projet de reconversion de l’église où elle serait occupante et non plus propriétaire, la Fabrique de Saint-Germain est consciente qu’en cessant de chauffer la partie la plus importante du bâtiment, la structure risque d’être endommagée. « C’est sûr que ça va devenir moins intéressant pour un futur acquéreur », poursuit Lucie Laplante.
Son seul souhait serait donc que la Municipalité devienne propriétaire de l’église, même si elle demeure lucide face à la capacité de payer limitée des citoyens de Saint-Germain. « Est-ce possible que de si beaux bâtiments soient condamnés à disparaître », demande-t-elle. « Oui, ça se peut », conclut Lucie Laplante, sur un ton résigné.