Déjà 11 églises ou chapelles ont été cédées et converties pour d’autres usages que le culte religieux depuis 2012 sur le territoire du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Dans Kamouraska—L’Islet seulement, au moins six autres communautés sont actuellement en réflexion quant à l’avenir de leurs églises. Alors que dans certains villages les projets de transfert et de conversion se butent à la dure réalité des coûts astronomiques qu’ils représentent, d’autres rêvent toujours de sauver ces bâtiments avec des projets aussi ambitieux que mobilisateurs. Portrait de la situation en quatre temps.
Tout a déboulé rapidement à l’église de Saint-Pacôme depuis qu’une réflexion publique a été entamée sur son avenir en 2017. Tellement qu’aujourd’hui, Nathan De Baets, président de l’OBNL Les Jardins du Clocher, avoue sentir une forme d’impatience auprès des gens pour la suite des choses.
Constitué en 2018, l’OBNL Les Jardins du Clocher a fait l’acquisition de l’église de Saint-Pacôme en mars 2019. Leur objectif : convertir la sacristie en lieu de production de végétaux utilisant la technologie en agriculture verticale automatisée développée par l’entreprise Inno-3B, pour ensuite les vendre à même un marché local qui serait aménagé dans une partie de la nef avec une cuisine communautaire. Quant au culte, qui se poursuit au centre municipal situé non loin suite à la dernière messe tenue dans l’église le 10 mars dernier, il est prévu qu’il retourne cohabiter dans la nef, possiblement dès 2020.
Avec l’argent engendré par ses différentes activités commerciales, les Jardins du Clocher s’engagent à poursuivre l’entretien de l’église de Saint-Pacôme, jadis responsabilité de la Fabrique. Mais pour le moment, l’OBNL attend toujours le financement qui lui permettra de déployer ses ailes, « le nerf de la guerre », comme rappelle Nathan De Baets.
« Actuellement, on touche les revenus du loyer d’Inno-3B qui occupe une partie de l’église et avec qui on a signé un bail de location de 18 mois. Autrement, on a déposé une demande de subvention au Fonds de 100 M$ de Desjardins et on croit que notre mission environnementale pourrait nous ouvrir des portes du côté du Fonds vert du gouvernement du Québec », poursuit le président.
Pour le moment, les Jardins du Clocher estiment le projet de réaménagement de l’église à environ 400 000 $, excluant l’acquisition du système d’agriculture verticale. Ainsi, outre la dalle de béton coulée dans la sacristie qui permet au locataire Inno-3B d’y développer le fameux système innovant sur lequel les Jardins du Clocher basent principalement son plan d’affaires, aucune modification n’a réellement été apportée encore à l’église de Saint-Pacôme. Néanmoins, Nathan De Baets y voit une symbolique forte. « C’est une première étape physique qui représente bien ce qu’on a travaillé à développer ces derniers mois : les accises administratives qui nous permettront de devenir ce à quoi nous aspirons », ajoute-t-il.
Deuil
Secrétaire au sein de la Fabrique de Saint-Pacôme et siégeant sur le conseil d’administration des Jardins du Clocher, Lise Michaud s’est montrée très optimiste face au projet de l’OBNL qui promet « sauver » l’église de la paroisse. Toutefois, elle reconnaît que les deuils ne sont pas terminés chez certains paroissiens. Selon elle, il s’agit peut-être d’une forme d’incompréhension par rapport au projet global des Jardins du Clocher. « Ce n’est pas tout le monde qui est encore conscient que l’église va revenir avec probablement plus de services », mentionne-t-elle.
Une incompréhension qui va jusqu’au questionnement de la capitation envoyée récemment aux citoyens de Saint-Pacôme. « La Fabrique va toujours continuer d’exister, même si on n’est plus propriétaire de l’église. Les prêtres qui président les offices religieux, les registres à maintenir, le cimetière, ça prend des sous pour assurer le suivi de tout ça. La capitation ne s’applique pas au bâtiment », déclare Lise Michaud.
Précisons toutefois que la Fabrique a toujours la responsabilité de l’entretien des cloches et du Sacré-Cœur (statue de Jésus) rattachés à l’église, tel que stipulé dans la lettre envoyée aux citoyens de Saint-Pacôme pour la capitation 2019. Jusqu’à maintenant, Lise Michaud avoue que l’absence d’église à entretenir semble avoir démobilisé les paroissiens avec des retours de capitation qui seraient moitié moindres que l’an dernier.