L’année 2019 qui s’achève s’est soldée par plusieurs victoires pour l’accessibilité aux soins de proximité au Kamouraska. Le comité composé de citoyens et de professionnels de la santé Mes soins restent ICI, qui s’occupe de veiller au grain, avoue toutefois avoir plusieurs autres dossiers dans sa mire pour 2020.
Il y a eu moins de sorties médiatiques, aucun mouvement de mobilisation de masse comme celle du cœur rouge en 2018, ni aucune marche citoyenne à l’image de celle réalisée en mai 2017. Le travail n’a pourtant pas été moindre pour le comité de vigilance Mes soins restent ICI en 2019, de l’aveu de son co-porte-parole Jean Martin. « Je résumerais ça en plus de rencontres, plus de discussions, plus de suivis des instances concernées et plus de solutions aux problèmes », déclare-t-il.
Tous les trois mois, Mes soins restent ICI affirme avoir une rencontre avec le CISSS du Bas-Saint-Laurent. Tous les quatre mois, le comité répète l’exercice en compagnie de la députée et ministre Marie-Eve Proulx. « Il y a un changement de ton depuis l’arrivée du nouveau gouvernement. Les communications se sont beaucoup améliorées avec le CISSS et on sent que nous ne sommes plus des adversaires, mais plutôt des partenaires », ajoute la co-porte-parole du comité, la Dre Marie-Eve O’Reilly-Fromentin.
Gains
Ainsi, plusieurs gains ont été réalisés dans la dernière année afin d’améliorer l’accessibilité aux soins de santé au Kamouraska. En obstétrique, les ruptures de service occasionnées par un manque d’infirmières formées dans ce département sont chose du passé. La problématique des anesthésistes est également réglée depuis 18 mois. Une entente intervenue avec le CISSS de Chaudière-Appalaches la semaine dernière afin d’offrir une meilleure couverture de quatre spécialités (pneumologie, orthopédie, radiologie, urologie) à l’hôpital de La Pocatière s’annonce aussi prometteuse selon le comité, même s’il tient à émettre un certain bémol pour le moment.
« Ce que dit l’entente, c’est que si nos ressources régionales ne suffisent pas, on peut se faire épauler par des spécialistes de Chaudière-Appalaches. Mais les cibles à atteindre, c’est quand même le CISSS du Bas-Saint-Laurent qui les fixe. En orthopédie, on parle de 75 %, alors que par le passé on avait un suivi à 100 % à La Pocatière par des orthopédistes de Montmagny. Pourquoi ne pas recibler 100 % » questionne la Dre Fromentin?
Selon elle, cette entente semblerait, à première vue, être une forme de levier de négociation afin que les spécialistes bas-laurentiens desservent davantage l’hôpital de La Pocatière. « On salue tout de même l’entente, car elle témoigne de la volonté du CISSS à vouloir offrir le service au Kamouraska », poursuit-elle.
À surveiller
Loin d’être démobilisé, Mes soins restent ICI garde dans sa mire pour 2020 plusieurs problématiques qui ne sont toujours pas réglées. La décentralisation des prises de décisions est une de celles-là, confie le comité. « On sent qu’il y a une pression qui vient d’en haut (le gouvernement) pour redonner plus de pouvoir localement. Il va falloir qu’on en vienne à un gestionnaire local au Kamouraska », mentionne Jean Martin.
Toujours en obstétrique, l’entente provinciale survenue récemment avec les chirurgiens ne réglerait pas la problématique de la pratique des césariennes à l’hôpital de La Pocatière, puisque celles-ci sont toujours faites par des chirurgiens et non pas des obstétriciens.
« L’entente dit que ce sont les centres qui ont déjà des obstétriciens qui seront couverts si ceux-ci sont absents pour pratiquer une césarienne. Par contre, pour les centres sans obstétriciens, comme c’est le cas au Kamouraska, la couverture doit être offerte par les chirurgiens dans l’hôpital ou des chirurgiens dépanneurs. Le bassin de chirurgiens dépanneurs qui pratique des césariennes est très limité, alors on peut dire que le problème demeure entier et que d’autres découvertures sont à prévoir chez nous », conclut Marie-Eve Fromentin.