On parle de lui depuis quelques mois comme du jeune crooner de Saint-Onésime-d’Ixworth. Âgé de 16 ans, Émile Lizotte a clairement le naturel, le talent et l’aisance de ces chanteurs d’autrefois qu’il interprète à la perfection, mais surtout un destin inspirant qui rend son jeune parcours de vie encore plus fabuleux.
Rien ne laissait présager qu’Émile Lizotte monterait un jour sur scène chanter devant public. Diagnostiqué tout jeune TDAH, il doit également composer avec un trouble anxieux généralisé et des difficultés qui rendent difficile ses apprentissages en lecture et en écriture, entre autres.
Pourtant, quand on parle avec lui, Émile dégage tout sauf l’image d’un garçon vivant des difficultés scolaires. Il est mature, vif, à l’aise et s’exprime avec le vocabulaire de quelqu’un de 30 ans. Au final, il semble plutôt être doté d’une vieille âme, un adulte dans un corps d’adolescent.
Sa mère Julye Letarte avoue que cette facilité à s’exprimer si clairement est ce qui laissait croire à certains spécialistes qu’Émile était peut-être autiste lorsqu’il était plus jeune. Sa facilité à entrer en relation avec les autres est venue prouver le contraire. « Sa réalité est plutôt un parcours scolaire ardu, à cause de ses problèmes d’apprentissage », poursuit-elle.
L’école primaire, principalement, n’a pas été évidente pour le jeune Émile. Lui-même le dit, son estime de soi en a pris pour son rhume à cette époque. En 5eet 6eannée notamment, il suivait des cours particuliers afin de l’aider à mieux réussir. Mais tout n’était pas noir pour autant. C’est à la même époque qu’il a découvert la musique et qu’il s’est mis à chanter.
« J’étais passionné d’Elvis. La première chanson que j’ai interprétée, c’est Love Me Tender », raconte-t-il.
Une interprétation que sa mère avait pris la peine de filmer et qu’elle a partagée sur sa page Facebook. Émile avait alors 12 ans et les réactions ont été instantanées. Plus de 4000 vues qui ont convaincu le jeune crooner qu’il avait peut-être du talent. « J’ai commencé les cours de chant à l’École Destroismaisons pas longtemps après », ajoute-t-il.
Cette facilité pour les arts, mais surtout pour la musique, c’est ce qui a convaincu les parents d’Émile de cesser les cours particuliers et l’inciter davantage à vivre ses passions à l’extérieur de l’école. « Il stimule son cerveau quand même et il vit des réussites. C’est meilleur pour son estime de lui-même », mentionne Julye Letarte.
Sortir de l’ombre
Si l’histoire d’Émile demeurait pour plusieurs encore méconnue, il en était autrement de ses talents de chanteur qui n’ont pas tardé d’attirer l’attention de l’Organisation participation famille (OPF) de Saint-Onésime qui l’a approché l’été dernier pour présenter un spectacle lors d’un souper communautaire qu’elle organisait.
Le jeune crooner parle aujourd’hui de cette offre comme d’un « beau cadeau de la vie », car elle lui a permis de sortir de l’ombre. Il a depuis présenté pas moins d’une douzaine de spectacles, dont plusieurs dans des résidences de personnes âgées, un public avec qui il est particulièrement à l’aise, lui qui réalise un stage comme aide-infirmier à raison de deux jours par semaine à la résidence Hélène-Lavoie dans le cadre de sa classe en adaptation scolaire à l’école polyvalente de La Pocatière.
Cette expérience de travail qui semble le passionner tout autant que la musique lui permet même de rêver un jour de faire son cours en soins infirmiers, si sa carrière de chanteur ne se concrétise pas. « J’ai déjà fait les auditions de La Voix, l’automne dernier, mais je n’ai pas été pris. Je me console en me disant que j’ai quand même trouvé mon public et que j’ai d’autres portes d’ouvertes si ça ne fonctionne pas pour moi en chanson. C’est des possibilités que je ne me permettais même pas d’envisager avant », conclut Émile.