Le ski alpin non admissible à une subvention plein air

François Boucher dans le local de Ski’s’récup. Photo : Maxime Paradis.

L’enseignant en éducation physique François Boucher n’en revient toujours pas. Le ski alpin n’est pas considéré comme une activité de plein air par l’Unité régionale de Loisir et de Sport (URLS) du Bas-Saint-Laurent. Il est donc impossible pour lui de bénéficier du nouveau programme de soutien financier au transport scolaire de l’URLS pour ses 40 jeunes inscrits à la concentration ski/snow de l’école secondaire Chanoine-Beaudet à Saint-Pascal.

François Boucher espérait un programme d’aide financière de ce genre depuis belle lurette. « Le transport, c’est ce qui nous coûte le plus cher. Peu importe où on va, c’est 500 $ chaque fois », explique-t-il.

C’est d’ailleurs pour cela qu’il a mis sur pied l’entreprise-école Ski’s’récup, il y a cinq ans, qui confectionne des meubles intérieurs et extérieurs à partir de skis recyclés. « L’objectif était de trouver une façon de financer nos sorties en ski durant l’année. Mais ce n’est pas tout le monde qui est organisé comme nous », ajoute-t-il.

Sa déception était donc deux fois plus grande lorsqu’il a constaté que le ski alpin ne se qualifiait pas au nouveau programme de soutien financier de l’URLS du Bas-Saint-Laurent qui propose de rembourser jusqu’à 50 % des coûts de transport pour des sorties en plein air, et ce, jusqu’à concurrence de 250 $ par autobus pour un aller-retour entre l’école et le site de plein air.

« Le programme à la base est une super bonne nouvelle, car c’est peut-être ce qui va donner le “go” à une école qui hésitait à faire une sortie scolaire sportive pour ne pas ajouter un poids financier de plus aux parents. Je ne peux pas m’opposer à ça. Mais pourquoi le ski alpin est exclu des activités de plein air, ça, je l’explique mal », se questionne l’enseignant.

Remontée mécanique

Cette exclusion, elle est due à un seul critère : l’usage d’un moyen motorisé, la remontée mécanique nécessaire à la pratique du ski alpin, qui ne colle pas à la définition du document « L’avis sur le plein air » de 2017 du ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport sur lequel l’URLS s’est basé pour bâtir le cadre normatif régissant les critères donnant accès à son nouveau programme d’aide financière.

« On n’a pas voulu remettre en question cet avis-là. Ça nous évite de faire une évaluation [des projets] pièce par pièce. C’est de l’argent public qui vient du gouvernement, donc c’est pourquoi on s’attache le plus possible à sa vision », précise Jean-François Gagnon, conseiller en plein air à l’URLS du Bas-Saint-Laurent.

Pourtant, à l’exception de cet élément, on peut lire dans le même avis qu’une activité de plein air est, entre autres « généralement de nature récréative et de pratique libre; [qu’elle] permet aux pratiquants d’adapter l’intensité physique demandée par l’activité en fonction de leurs capacités et de leur besoin de dépassement; [qu’elle] fait référence à une manière d’être, généralement en harmonie avec le milieu environnant, le plus souvent dominé par des éléments naturels; [qu’elle] se vit dans un esprit de détente, de découverte, d’exploration ou d’aventure. »

Ces critères s’appliquent largement à la pratique du ski alpin de l’avis de François Boucher qui y voit aussi plusieurs autres bénéfices pour ses élèves, notamment une façon de lutter contre le décrochage scolaire.

Autres possibilités?

Loin de décourager la pratique des sports non admissibles au programme de soutien financier au transport scolaire, comme le ski alpin, Jean-François Gagnon invite tout de même François Boucher à s’asseoir avec l’URLS et à regarder les autres possibilités d’aides financières. Mais de l’avis de l’enseignant, il en existerait peu pour son sport, ce que le conseiller en plein air a également fini par reconnaître.

« Il y a peut-être le programme loisir actif qui pourrait s’appliquer à eux, si ce n’est pas une sortie récurrente », poursuit M. Gagnon. « Je l’ai rempli cette demande, mais à six sorties par année, je doute fort qu’on se qualifie, rétorque François Boucher. Dans le fond, c’est comme si on nous disait : “Allez-y, faites du plein air, mais pas trop” », conclut-il.