Oppositions entourant la destruction d’un bâtiment de la Ferme-école Lapokita

Bergerie et meunerie de la Ferme-école Lapokita. Photo : Maxime Paradis.

La demande conjointe du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et de la Société québécoise des infrastructures (SQI) visant à procéder à la destruction de la bergerie et de la meunerie de la Ferme-école Lapokita, lieu d’enseignement rattaché l’ITA, Campus de La Pocatière, ne fait pas l’unanimité. Deux organismes ont fait savoir leur opposition par lettre lors de la réunion du comité de démolition de la Ville de La Pocatière le 11 février dernier.

Ces deux organisations sont la Fédération Histoire Québec (FHQ) et le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM). La valeur patrimoniale des deux bâtiments rattachés ensemble et construits en brique respectivement en 1915 (bergerie) et en 1935 (meunerie) a notamment été soulignée par la FHQ.

 « La bergerie et la meunerie représentent l’architecture rurale typique de l’époque. Compte tenu de leur bon état relatif, il faut envisager leur restauration et leur mise en valeur et entrevoir possiblement un nouvel usage », écrit Clément Locat, président, dans une lettre envoyée au comité de démolition de la Ville de La Pocatière et au Placoteux.

Pour le GIRAM, l’usage de la brique dans la structure de ces deux bâtiments témoigne également d’un désir du gouvernement de l’époque à vouloir donner l’exemple en matière de constructions à fonction agricole au début du 20e siècle.

« Il est dommage que le premier réflexe soit de détruire. Si le bâtiment n’est plus fonctionnel pour l’enseignement agricole, n’est-il pas possible de lui trouver une nouvelle vocation », questionne à son tour le vice-président de l’organisme, Gaston Cadrin.

Plaidoyer du MAPAQ et de la SQI

Devant le comité de démolition de la Ville de La Pocatière, les représentants du MAPAQ et la SQI ont plaidé que les deux bâtiments ne respectent plus les normes de sécurité d’aujourd’hui et qu’on y trouve plusieurs contaminants comme le mercure, le plomb et l’amiante, entre autres. Les coûts de démolition ou de déconstruction n’ont pas encore été évalués par les deux organisations, mais leurs représentants ont fait état de « plusieurs millions pour le maintien de l’actif et d’autres millions pour le réhabiliter ». Pour eux, les arguments soulevés par les plaignants – la FHQ, le GIRAM et quelques particuliers – afin de justifier leur opposition à la démolition ne seraient pas très étoffés.

« Oui, nous avons à donner l’exemple dans la préservation du patrimoine bâti au Québec, mais nous avons aussi une responsabilité de bonne gestion des fonds publics », de rappeler les représentants du MAPAQ et de la SQI devant le comité.

Précisons qu’aucune décision autorisant la démolition des deux bâtiments n’a été rendue le 11 février dernier par le comité représentant la Ville de La Pocatière. La décision a été reportée en attendant que les demandeurs fournissent un plan de réutilisation du sol dégagé une fois la démolition complétée, en vertu de l’article 14.1  du règlement de démolition en vigueur à la Ville.

Rappelons que la bergerie et la meunerie de la Ferme-école Lapokita ne sont plus utilisées pour l’enseignement en raison de la non-conformité des lieux. Le troupeau ovin a depuis été liquidé et une entente entre l’ITA et le CDBQ a été développée pour permettre aux étudiants des laboratoires de manipulation d’animaux, de confirmer Normand Caron, directeur général de la Ferme-école Lapokita.

Rappelons que la Ferme-école Lapokita a pour mandat de soutenir l’ITA, Campus de La Pocatière, dans l’enseignement qu’elle délivre à ses étudiants. Pour ce faire, elle est donc responsable de la gestion des animaux et du personnel qui travaille à leur bien-être au sein des bâtiments qui eux appartiennent au MAPAQ. Quant au maintien des actifs, il est du ressort de la SQI.