La dernière semaine n’a clairement pas été la meilleure de la députée et ministre Marie-Eve Proulx. Toutes les critiques entendues à son sujet ont eu pour effet d’apporter plusieurs questionnements quant à la place qu’elle occupe au sein du gouvernement Legault et au roulement de personnel plutôt important qui semble se dérouler à ses bureaux régionaux et de Québec depuis son élection.
Toutes ces questions ont le mérite d’être soulevées avec le simple cas des paramédics de Saint-Jean-Port-Joli. Comment se fait-il que l’enjeu des horaires de faction n’est toujours par réglé dans L’Islet-Nord, alors que le mobile 87 se qualifie pour une transformation de ce type et que des exemples récents de conversion ont été observés dans des comtés représentés par des députés tout aussi bien placés qu’elle au sein de l’appareil gouvernemental caquiste?
On peut comprendre l’argument financier – plus de 800 000 $ selon le Ministère – que Marie-Eve Proulx ne s’est pas gênée à servir en mêlée de presse pour justifier le pourquoi rien ne semble débloquer dans ce dossier. Il n’en demeure pas moins que cet investissement n’est pas plus important qu’ailleurs où il a été réalisé.
En novembre dernier, 2,5 M$ ont été annoncés à Farnham et Acton Vale pour procéder à la conversion des horaires de faction des paramédics. Ces villes se trouvent dans les circonscriptions provinciales de Johnson et Brome-Missisquoi, représentées respectivement par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne et la ministre déléguée à l’Éducation Isabelle Charest. Il a même été rapporté que François Bonnardel, ministre québécois des Transports et ministre responsable de la région de l’Estrie – un titre que détient également Marie-Eve Proulx pour trois régions – a été impliqué dans le règlement de ce dossier.
Même chose à La Malbaie où un investissement de 923 000 $ a aussi était consenti le même jour pour transformer 8760 heures de faction en horaire à l’heure. La circonscription est représentée par la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré Émilie Foster, adjointe parlementaire du ministre des Finances Eric Girard.
La question est donc entière : Marie-Eve Proulx est-elle un poids plume au sein du gouvernement Legault, et cela, malgré ses titres de ministre déléguée et de ministre responsable de trois régions administratives? Autrement, pourquoi n’est-elle pas en mesure de décrocher cette conversion pour L’Islet-Nord – qui s’y qualifie – et d’autres territoires sous sa gouverne comme le Kamouraska, le Témiscouata, la Matanie ou la Matapédia, où ces horaires de faction sont également un enjeu qui traîne?
Roulement de personnel
L’autre hypothèse qui peut expliquer pourquoi ces dossiers ne sont toujours pas réglés est le roulement de personnel observé dans ses bureaux depuis son élection. Au final, est-il possible que cela nuise à leurs bons cheminements?
Ailleurs au Bas-Saint-Laurent, la députée et ministre fait actuellement l’objet de critiques comme quoi elle serait difficile d’accès. Il a été rapporté à CIMT par Guillaume Legault, porte-parole du collectif « Sauvons l’Héritage », qu’il n’avait eu aucun contact avec la députée et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent dans le dossier de la traverse Trois-Pistoles—Les Escoumins, depuis le début des manifestations en novembre dernier.
À ce propos, Marie-Eve Proulx se défend d’avoir un territoire trop grand à couvrir et mentionne faire de « l’accompagnement dans l’ombre ». Elle rappelle également que son travail de ministre responsable n’est pas « de se substituer aux députés de l’Est-du-Québec ».
Dans ce cas, comment se fait-il que le président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec secteur Saint-Jean-Port-Joli, Stéphane Lévesque, attende depuis plusieurs mois une première rencontre avec elle au sujet des horaires de faction? L’Islet-Nord n’est-il pas sur le territoire de Côte-du-Sud, le comté qu’elle représente à titre de députée?
Ce qui nous ramène donc à la question de l’équipe de travail. M. Lévesque disait être en contact avec Christian Picard, directeur des bureaux de circonscription, mais qui n’est aujourd’hui plus à l’emploi de Marie-Eve Proulx. Même chose pour une douzaine d’autres personnes dont CMATV a rapporté les noms la semaine dernière.
Selon Marie-Eve Proulx, les difficultés que certaines personnes ont à la joindre ne sont pas dues à ces mouvements de personnel qui seraient tout à fait normaux et comparables à ce qui est observé au sein d’autres formations politiques. Visiblement, il y a un moment qu’elle a visité son collègue au fédéral Bernard Généreux, qui lui fonctionne avec une équipe de travail pratiquement inchangée depuis sa réélection en 2015.
Ceci étant dit, elle ajoute qu’aucune demande par voie formelle n’avait encore été formulée par les paramédics de Saint-Jean-Port-Joli avant le 24 janvier dernier. « Pour nous, le 24 janvier, c’est hier », a-t-elle déclaré.
Pourtant, tout le monde en politique semble s’entendre pour dire que six mois équivalent à une éternité. Suivant cette logique, le 24 janvier par rapport à aujourd’hui doit donc représenter beaucoup plus « qu’hier ». Bref, si la grandeur du territoire, les mouvements de personnel au sein de son équipe ni même l’écoute des autres membres du gouvernement ne sont pas un problème selon la députée et ministre, se peut-il que le temps en soit justement un? À cela, il serait peut-être sage de vérifier si Marie-Eve Proulx est toujours sur le même fuseau horaire que les gens qu’elle représente.