Anita Ouellet Castonguay : inspirée et inspirante

Anita Ouellet Castonguay. Photo : Stéphanie Gendron.

Derrière chaque grand homme se cache une femme aussi grande sinon plus. L’adage s’applique à la mairesse de Saint-Alexandre-de-Kamouraska. Anita Ouellet Castonguay a été inspirée par d’autres femmes qui lui ont ouvert le chemin avant elle et par son grand amour, feu l’artiste country Édouard Castonguay, qui lui a offert la liberté et le goût d’avancer.

Pendant plusieurs années, Anita Ouellet Castonguay a refusé les honneurs en lien avec la Journée internationale des femmes du 8 mars. En 2020, à l’invitation du Placoteux, elle a accepté de parler de son parcours à titre de femme inspirante.

Elle refusait tout ce qui a trait à la journée de la femme non pas parce qu’elle n’est pas en accord avec cette journée, mais parce que le 8 mars est une date douloureuse pour elle depuis 2006, lorsque l’amour de sa vie, Édouard Castonguay, est décédé à l’âge de 76 ans.

« Il faut croire que cette fois-ci, j’étais prête. Il fallait casser cette barrière », dit-elle, lorsque nous la rencontrons à la nouvelle caserne de Saint-Alexandre. Cette caserne, tout comme le pavillon sportif à venir, fera partie de ses legs à titre de mairesse, avec l’aide des membres du conseil municipal.

Un poste qu’elle pensait d’ailleurs ne jamais occuper. « J’aurais bien ri plus jeune si on m’avait dit que je serais un jour mairesse », confesse-t-elle.

Femmes marquantes

Anita Ouellet Castonguay est née à Saint-Alexandre au sein d’une famille de quatre frères et sœurs, un père journalier et une mère à la maison, excellente couturière.

À l’âge de huit ans, elle occupe son premier emploi, soit faire le ménage de la maison de feue Mme Denise Thériault, ancienne enseignante et directrice de l’école de Saint-Alexandre, qui a marqué bien des gens du village.

« Elle a été très inspirante pour moi. Je voyageais avec elle lorsqu’elle me racontait ses nombreux voyages. Elle a ouvert mes horizons », se souvient Mme Ouellet Castonguay.

Quelques années plus tard, elle grandit en étant inspirée par la première mairesse de Rivière-du-Loup Denise Lévesque. « Je trouvais qu’elle avait toujours le bon ton et était toujours bien mise ».

Puis, elle fera partie de la première cuvée des Cégeps, en sciences humaines à La Pocatière, alors qu’elle aspire à devenir travailleuse sociale. « J’ai été chanceuse, car à l’époque, j’ai même sauté une année (NDLR : l’équivalent du secondaire 5) grâce à un projet-pilote. Les Cégeps représentaient aussi une belle option pour les femmes. J’ai toujours dit que j’ai été très chanceuse dans ma vie », estime la mairesse.

Grand amour

Son parcours change toutefois du tout au tout alors qu’elle rencontre Édouard Castonguay, un artiste country de 23 ans son aîné. « Avec lui, je suis allée à l’école de la vie. C’est à lui que je dois ce que je suis ».

Elle le suit en tournée, d’abord pour vendre ses disques, puis le présenter au micro, devenir son agente et faire sa promotion. Elle apprend sur le « tas » et devient la femme d’affaires derrière l’artiste. Avant-gardiste pour son temps, son mari s’implique auprès de la vie des enfants, Martin (Marto Napoli) qui a aujourd’hui 40 ans et David, 36 ans. « Il m’offrait la liberté et me mettait à l’avant-plan. On se complétait très bien. Il était très moderne pour l’époque et pour son âge », se souvient-elle.

Puis arrive en 1983 l’émission de radio le Ranch du bonheur, diffusée sur les radios de Rivière-du-Loup et La Pocatière pendant 17 ans. Parallèlement à cela, elle travaille à l’usine laitière d’abord comme réceptionniste, puis comme responsable de l’approvisionnement.

Bon an mal an, elle conjugue vie de famille, de spectacles et professionnelle. La vie passe à une vitesse folle. Elle est toutefois assombrie par la maladie et le décès de son mari en 2006, un 8 mars.

« J’ai passé les 14 derniers mois avec lui, j’avais arrêté de travailler. C’est une des plus belles décisions de ma vie ».

Politique

Du vivant d’Édouard, on l’approche pour faire de la politique. Claude Béchard la voulait au sein de son équipe et d’autres lui ont proposé de devenir conseillère municipale, ce qu’elle refuse, n’étant pas très attirée par la politique.

C’est en 2009 qu’elle accepte de devenir d’abord conseillère municipale, puis par la force des choses, mairesse. Elle vivra d’ailleurs ses premiers pas de mairesse dans la tourmente, alors que Saint-Alexandre vit des moments plus incertains à la mairie; démission de Luc Chouinard, élection de Victor Morin avant qu’il ne quitte pour cause de maladie. Depuis, Mme Anita, comme plusieurs l’appellent, enchaîne les mandats par acclamation et défend sa municipalité partout où il le faut.

« C’est en refaisant la mosaïque de photos au conseil municipal que j’ai réalisé réellement que j’étais la première femme maire de Saint-Alexandre. Ça me touche beaucoup », dit-elle, en souriant.

Lors d’un récent souper avec les employés municipaux, une femme lui a dit qu’elle était inspirante pour elle, après tout le parcours qu’elle a vécu. « J’ai répondu que j’étais la femme la plus chanceuse du monde, avec une capacité et un goût d’apprendre. Tant que ce sera le cas, je continuerai de travailler pour les gens de Saint-Alexandre », conclut la grand-maman de quatre petits-enfants de 13, 11, 9 et 7 ans, dont le dernier porte le nom d’Édouard.