Les bancs d’église, reflets de la communauté et du statut social

L’église de Kamouraska vers 1910. Crédit photo : Archives de la Côte-du-Sud.

On dit que chaque personne est égale devant Dieu. Mais dans les églises catholiques du Québec, ce ne fut pas toujours le cas pour obtenir un banc.

Sous le Régime français, les seigneurs reçoivent des honneurs ecclésiastiques et certains demandent de se faire construire un banc seigneurial. La famille Aubert de Gaspé s’est prévalue de ce droit à Saint-Jean-Port-Joli de même que le privilège d’inhumation. Le dernier de cette famille à être inhumé sous le banc seigneurial est Philippe-Joseph Aubert de Gaspé (1786-1871).

Pour assurer un revenu aux curés, une ordonnance synodale leur permet de procéder à la location de bancs d’église dès 1698. La répartition des emplacements se fait sur le perron de l’église lors d’une criée ou d’une enchère. Les plus offrants ou les familles les plus anciennes de la paroisse reçoivent les premiers, en avant du maître autel. Le montant de l’enchère représentant le coût de location pour une année est consigné dans un bail et un registre.

Cette pratique de location des bancs cause parfois des maux de tête aux curés. À certaines occasions, les autorités coloniales doivent intervenir, car les paroissiens sont dans l’impossibilité de payer la location de leur place. À Kamouraska, le 22 août 1713, l’intendant Bégon menace d’enlever les bancs à une veuve, à Mathurin Ouellet et à Raymond Focas à défaut de paiement. Le 21 février 1742, le problème se pose de nouveau. L’intendant Hocquart ordonne à plusieurs habitants de la paroisse de payer leurs dettes au curé Etienne-Auclair Desnoyers; ceux-ci auraient négligé de le faire depuis six ans.

Cette ordonnance est étonnante, car en 1721, le Conseil supérieur avait incité les curés à ne plus faire la criée des bancs afin de permettre à tous d’assister à la messe gratuitement. Si cette tradition perdure, c’est que les habitants ont accepté volontairement d’aider financièrement leurs paroisses.