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Camionneuse au temps du coronavirus

Photo : Courtoisie Isabelle Aubut.

Isabelle Aubut de La Pocatière est derrière le volant de son camion depuis quelques mois à peine. Quand elle a choisi de faire ce changement de carrière, il y a environ un an, jamais elle n’aurait cru que la profession qu’elle avait choisie deviendrait soudainement si importante aux yeux de plusieurs.

Isabelle Aubut conduit des camions pour l’entreprise VTL Express de Pintendre. Elle livre toute sorte de marchandises aux quatre coins du Québec. Depuis qu’elle a commencé sa nouvelle profession, jamais elle ne s’est rendue de l’autre côté de la frontière chez nos voisins du sud. Par contre, elle livre occasionnellement des denrées alimentaires dans les supermarchés du Québec.

« Mon répartiteur m’a confirmé que oui, on livrait davantage qu’à l’habitude dans les épiceries, car les tablettes se vident beaucoup plus rapidement », déclare-t-elle.

Son expérience de camionneuse étant encore récente, Isabelle Aubut a tout de même roulé assez depuis un an pour voir une différence dans la pratique de son métier, entre avant la pandémie et maintenant. Son employeur lui demande désormais de laver son volant, les poignées et le log électronique de son camion, même si celui-ci lui est attitré en permanence. « On ne sait jamais quand le laveur ou le mécanicien aura à intervenir dessus », poursuit-elle.

Chez tous les clients où elle livre, des mesures spéciales ont aussi été mises en place, comme un questionnaire oral ou écrit visant à vérifier si elle a voyagé ou si elle a été en contact avec des gens qui reviennent de voyage à l’étranger.

« J’avoue que ce n’est pas chez les clients que je m’inquiète le plus. Par contre, dans les haltes routières et les “trucks-stops”, s’il y a une place où je vais redoubler de précautions, c’est là », confie-t-elle.

Isolée

Déjà isolée derrière son volant la plupart du temps, Isabelle Aubut est donc peu en contact avec des gens. Les mesures de distanciation sociale seront donc faciles à appliquer dans son cas. Néanmoins, elle dit qu’elle ne s’exposera pas inutilement à des risques de contamination pour autant. Au lieu de se rendre au restaurant, elle privilégiera les mets préparés qu’elle mangera à même son camion, par exemple. Une sage décision, quand on sait toute l’importance que le transport de marchandises revêt en cette période de crise, et cela, même si Isabelle ne considère pas sa profession aussi importante que les gens pourraient le penser dans les circonstances.

« C’est sûr qu’on se fait dire qu’on est important, parce que le monde a peur de manquer de denrées. Mais je ne me considère pas aussi importante qu’une infirmière ou un médecin. Au final, c’est eux qui feront une grande différence pour la vie des gens », conclut-elle.