Analyse politique : Le défi de conserver la confiance

Photo : Toa Heftiba (Unsplash.com).

L’enseignant en histoire et politique du Cégep de La Pocatière, Éric Ouellet, estime que le gouvernement Legault gère toujours bien la crise du COVID-19 au Québec, notamment par le maintien des points de presse quotidiens. Il précise toutefois que le prochain défi du gouvernement sera de maintenir la confiance de la population si le confinement est de longue durée.

Le maintien de cette confiance sera de plus en plus difficile si l’aide tant promise tarde à venir, écrit-il. Les jours sont donc comptés, selon lui.

« En terme de temps, je crois que le gouvernement a jusqu’à la mi-avril pour distribuer une aide d’urgence à la population. Si après la mi-avril on constate qu’il y a des ratés dans la mise en œuvre des programmes d’aide annoncés, autant en terme de retard de paiements, de paperasse inutile, ou de montant d’argent, là, le gouvernement pourrait faire face à un ras-le-bol d’une partie de la population et cela pourrait ouvrir la voie à une contestation généralisée », écrit-il.

La situation est exceptionnelle, rappelle Éric Ouellet. Des dizaines de milliers de personnes sont sans emploi à l’heure actuelle, des gens à qui le gouvernement a imposé le sacrifice de leur confort et de leur sécurité financière dans l’espoir « d’aplanir la courbe » et de retreindre la propagation du virus au sein de la population. Si cette masse d’individus fragilisée économiquement réclame que les activités normales reprennent, le gouvernement aura fort à faire pour contenir la situation.

« Pas besoin d’être devin pour prédire, à court terme, une crise économique. Combien de temps cela prendra-t-il pour que le secteur privé reprenne ses activités? Et sous quelle forme? Plus la crise sanitaire va perdurer et plus il y aura un nombre élevé d’entreprises en difficulté qui risquent de ne pas redémarrer leurs activités », ajoute-t-il.

Finances publiques

Éric Ouellet mentionne également qu’une crise des finances publiques sera à prévoir dans les prochaines années, autant à Québec qu’à Ottawa. « L’austérité » risque donc d’être un mot qui reviendra à la mode dans un futur rapproché.

« Déjà, au fédéral, les experts évoquent un déficit de 150 MM $ pour 2020. C’est gigantesque! Au Québec, ce sera pareil. Les fameux surplus fondent comme neige au soleil. Il faudra donc entrevoir une opération ressemblant au déficit zéro dans les prochaines années. Ces opérations sont toujours périlleuses pour les gouvernements. Je crois que ce qui nous attend est bien davantage que cette période d’austérité vécut sous les libéraux provinciaux ces dernières années », conclut-il.