Depuis le début de cette crise, le quotidien n’a plus la même forme. Les bulletins de nouvelles sont concentrés autour de la COVID-19, du nombre de morts et des différentes mesures sanitaires. Les gouvernements se mobilisent face à la pandémie. C’est une nouvelle page de l’histoire qui est en train de s’écrire et faire partie de l’histoire vient à un prix.
Collaboration spéciale : Simon Côté-Bouchard, enseignant de sociologie
Le confinement est une expérience angoissante. Je ne sais pas pour vous, mais par moment j’ai le sentiment d’étouffer. Ce n’est pas tant le manque d’espace que la perte de liberté. Lorsque je vais prendre une marche, les autres humains me font l’impression d’être une menace potentielle. Je les salue de loin. Je suis attentif à leur chien trop heureux qui cherche une caresse et à leurs enfants qui sont parfois si habiles pour profiter d’une seconde de distraction.
Nos relations les uns avec les autres sont différentes, pandémie oblige. Il faut apprendre à s’aimer autrement. Être ensemble, sans être proches physiquement.
Suite au confinement en Chine, il y a eu une augmentation du nombre des divorces et de la violence conjugale. En contexte anxiogène, les vulnérabilités individuelles s’expriment davantage. Être confiné peut être éprouvant pour un couple. C’est un moment où il est important d’être attentif à nos proches.
On pourrait faire l’hypothèse qu’il y a une symétrie entre les réactions individuelles et l’intensité des bouleversements sociaux.
Un des indicateurs de la sévérité de cette crise tient dans la réaction de notre gouvernement provincial. Nous avons élu la CAQ avec à sa tête un ancien propriétaire d’entreprise. Un homme d’affaire, François Legault, qui a cofondé Air Transat. Nous avons voté pour un gouvernement qui allait accorder une valeur importante à l’économie.
Les valeurs orientent nos actions et guident nos gestes, même si nous n’en sommes pas toujours conscients. Choisir de protéger la santé des individus au détriment de l’économie est un choix de valeur. Au Québec, le gouvernement semble orienter toutes ces actions dans cette direction. L’économie n’est pas un considérant et c’est un renversement impressionnant qui nous indique aussi la gravité de la situation.
Ce choix de valeur semble beaucoup plus difficile à faire pour nos voisins du sud. La situation aux États-Unis est inquiétante. La progression de l’épidémie est rapide. Donald Trump annonce qu’il va relancer l’économie et que prochainement une date sera fixée pour le retour au travail dès qu’un vaccin ou un traitement sera disponible. Nous croisons les doigts pour qu’un traitement soit disponible rapidement. Entre temps, l’épidémie prend de l’ampleur ainsi que les ventes d’armes.
Reprenons la réflexion sur la symétrie entre les bouleversements sociaux et les réactions individuelles. Est-ce que les autorités états-uniennes seront capables de gérer les anxiétés de la population et d’éviter un embrassement de la violence advenant que l’épidémie continue sa progression?