Le président et cofondateur de l’Union paysanne Maxime Laplante est d’avis que les producteurs laitiers devraient vendre une partie de leur production directement à la ferme. Cela éviterait de se retrouver avec des situations aberrantes où des producteurs doivent actuellement jeter leurs surplus de lait, faute de demandes.
Maxime Laplante ne remet pas en question le système de gestion de l’offre actuel. Selon lui, ce système permet justement d’organiser la production laitière sur le territoire et de veiller, en temps normal, de ne pas se retrouver avec des surplus.
Ce que son organisation demande plutôt, c’est un espace afin de permettre une vente plus directe du lait par les producteurs laitiers. Ainsi, dans un contexte où l’offre excède la demande, comme c’est le cas actuellement, le consommateur pourrait se rendre directement à la ferme acheter une quantité de lait qu’il s’occuperait lui-même de transformer ou de pasteuriser.
« Je serais bien parti avec deux ou trois chaudières chez un producteur laitier de mon coin, ces derniers jours. Je lui aurais payé le même prix, sinon plus que ce qu’il reçoit de la Fédération (Les Producteurs de lait du Québec) pour chaque litre qu’il m’aurait vendu, au lieu qu’il soit pris pour le jeter dans les égouts », explique-t-il.
Utopique? « Du tout », soutient le président. En fait, la loi sur la mise en marché des produits agricoles prévoirait la possibilité de faire la vente directe de lait, sans détenir un quota ni passer par un plan conjoint de mise en marché, selon lui. Pas plus tard que l’an dernier, il raconte que son organisation s’est justement retrouvée devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (organisme public de surveillance de la mise en marché) afin de faire valoir sa position.
« La Régie refuse d’appliquer l’esprit initial de la loi et cède sous la pression de la Fédération et de l’UPA. Et peu importe vers qui on se tourne, que ce soit le ministre de l’Agriculture, le vérificateur général ou le protecteur du citoyen, ce qu’on nous dit, c’est de se plaindre à la Régie. Au final, on tourne en rond », poursuit-il.
Ailleurs
Dans les années 90, Maxime Laplante a passé quatre ans en Allemagne et se souvient que le pays qui fonctionnait à l’époque sous quotas laitiers permettait aux producteurs de faire 5 % de mise en marché directe. Ailleurs au Canada, il cite l’exemple de l’Alberta où la vente directe de 50 litres de lait par jour est permise.
« On réclame seulement un espace pour autre chose qui pourrait s’organiser, peut-être, sous forme de coopérative, par exemple. Les deux systèmes peuvent très bien exister. Il y aura toujours des gens qui vont préférer acheter leur lait à l’épicerie, mais il y a aussi un marché pour ceux qui aimeraient se le procurer directement à la ferme. Il serait temps de permettre aux producteurs de le faire, d’aller même se chercher un revenu supplémentaire, au lieu de jeter le lait dans les égouts quand il y en a trop sur les tablettes », conclut Maxime Laplante.