De l’avis d’Éric Ouellet, enseignant en politique et en histoire au Cégep de La Pocatière, le déconfinement au Québec ne se fera d’un coup de baguette magique. Il sera même difficile à faire passer auprès de la population en général selon lui, tant que la situation ne sera pas maîtrisée dans les CHSLD de la province.
Pourtant, Éric Ouellet estime qu’il est légitime que le gouvernement s’y attarde. Qui pourra reprendre ses activités, quand, et à quel rythme sont autant de questions qui devront être évaluées. Certaines régions pourraient même être favorisées à court terme, suggèrent-ils, comme le Bas-Saint-Laurent qui assiste à une stabilisation de son nombre de cas à 34 depuis plus d’une semaine, au moment de mettre sous presse.
« En même temps, le Bas-Saint-Laurent n’est pas isolé du reste du Québec. Quelqu’un comme moi, par exemple, qui habite Lévis, qui enseigne au Cégep de La Pocatière, et qui a une conjointe qui travaille dans un CHSLD en Chaudière-Appalaches, il se pourrait que j’apporte le virus avec moi dans une salle de classe. Des directives particulières devraient donc être mises en place pour des gens dans ma situation, comme une poursuite du télétravail, par exemple. »
Mais qui dit reprise de l’économie, dit surtout retour au travail des parents. Dans ce contexte, qu’adviendra-t-il des enfants? L’optimisme avec lequel le premier ministre François Legault évoquait la semaine dernière la possibilité d’un retour en classe le 4 mai prochain n’est sûrement pas étranger à cette réflexion, de soulever Éric Ouellet. Il mentionne toutefois que cette déclaration constitue probablement le premier faux pas du gouvernement Legault depuis le début de la crise. La façon dont l’appel aux médecins spécialistes a été fait afin qu’ils apportent leur aide dans les CHSLD est le deuxième, à son avis.
Des faux pas, donc, mais qui sont peut-être aussi symptomatiques d’une entraide qui commence à s’effriter après cinq semaines de confinement. De là l’importance de bien réfléchir la reprise afin d’éviter qu’une seconde vague de la COVID-19 ne survienne plus tard à l’automne et fasse plus de mal qu’à l’heure actuelle.
« Je vais reprendre les propos du Dr. Arruda et dire qu’il ne faut pas « défaire tout le beau travail qui a été fait »! Mais en même temps, il faut garder en tête que le risque zéro n’existe pas et que la reprise devra se faire d’une façon ou d’une autre. J’exagère, mais on ne peut pas attendre 2024 non plus avant de se revoir pour prendre une bière », s’exclame Éric Ouellet.
Pour l’enseignant, la situation dans les CHSLD demeure donc un bon baromètre dans les circonstances. Tant que la situation ne s’y améliorera pas, il évalue qu’il serait prématuré de reprendre les activités normales au Québec.
« Sur le plan de la santé publique, ce n’est sûrement pas raisonnable, et sur le plan politique, ça serait beaucoup trop mal vu », conclut-il.