La reprise lente, mais soutenue au Québec, à la suite de la première vague de coronavirus ne signifie malheureusement pas le ralentissement des demandes de dépannage d’urgence chez Moisson Kamouraska.
Lorsqu’il y a eu une « petite baisse » à la fin du mois d’avril, l’organisme croyait que la situation s’améliorait. Mais les demandes ont continué d’affluer.
Depuis le début, soit le 13 mars, Moisson Kamouraska a fait 750 dépannages, c’est-à-dire 60 000 lb de denrées pour 2625 personnes. Habituellement, Moisson Kamouraska aide environ 1500 personnes avec tous ses services qui ne sont pas seulement le dépannage alimentaire.
L’équipe est donc épuisée, admet la directrice Mireille Lizotte. Heureusement, les autres organismes qui ont fermé vont possiblement rouvrir bientôt, laissant un petit répit à Moisson, qui, comme centre de distribution, n’a jamais eu autant de pain sur la planche.
La situation a aussi fait voir de plus près les préjugés dans la communauté et a fait ressortir des petites difficultés : des gens qui font des demandes alimentaires, mais qui n’en auraient pas vraiment besoin, ou d’autres qui refusent de se résoudre à faire appel à Moisson Kamouraska, alors qu’ils en auraient vraiment besoin.
« Ce qu’on a vu c’est que les gens ont vraiment des préjugés assez intenses face à l’aide alimentaire. Pourtant, une banque alimentaire, c’est comme l’hôpital. Si tu es malade, tu dois aller là-bas. C’est la même chose pour une banque alimentaire. Les gens comprennent, mais il y a quelque chose à travailler pour enlever cette étiquette sur ceux qui s’y présentent », a dit la directrice Mireille Lizotte.
Elle voit aussi plus loin, vers l’automne et après. Plusieurs budgets sont confirmés jusqu’à l’été, mais on craint que l’automne soit encore pire, surtout s’il y a une deuxième vague.
« On est dans l’incertitude pour bien des choses. On a des sous, mais il faut qu’ils soient dépensés au 30 juin ou au 30 août, après ça, il n’y a plus rien. Tous les organismes communautaires, on vit de donations monétaires ou alimentaires, il ne faut donc pas qu’on tombe en précarité. Il faut prévoir l’avenir », conlut Mme Lizotte.