Le Musée de l’agriculture intéressé par la meunerie et la bergerie de la Ferme-école Lapokita

La meunerie et la bergerie de la Ferme-école Lapokita. Photo : Archives Le Placoteux.

Le Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation (MQAA) serait intéressé à faire de la meunerie et de la bergerie de la Ferme-école Lapokita une extension de ses installations, selon certaines conditions. Le président du Musée, Rosaire Ouellet, a fait cette annonce en réaction à la suggestion du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), qui s’oppose à la destruction éventuelle de ces deux bâtiments.

Rappelons qu’en février dernier, le GIRAM est une des deux organisations, avec la Fédération Histoire Québec (FHQ), à s’être opposée à la demande conjointe d’un permis de démolition auprès de la Ville de La Pocatière, par le MAPAQ et la SQI. Les deux organisations faisaient valoir dans leur plaidoyer la valeur patrimoniale de ces deux bâtiments, qui ne bénéficient pourtant d’aucun statut en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, pour justifier leur préservation et leur conversion.

Depuis, Le Placoteux rapportait que le MAPAQ et le ministère de la Culture et des Communications (MCC) avaient procédé à une demande de suspension du permis de démolition auprès de la Ville afin de réaliser une étude patrimoniale des bâtiments concernés. Les deux ministères désirent tenir compte de tous les aspects avant de procéder à leur démolition.

Pavillons du MQAA

En réaction à cette suspension, le président du GIRAM, Pierre-Paul Sénéchal, a réitéré la suggestion de son organisation, proposée dans une lettre datant du 2 mars 2020 et adressée au ministre de l’Agriculture André Lamontagne, le maire de La Pocatière Sylvain Hudon et la ministre de la Culture Nathalie Roy, soit celle de faire de ces bâtiments des pavillons liés au Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation. Dans sa proposition, M. Sénéchal s’inspire de ce qui a été fait du côté d’Ottawa avec le Musée de l’agriculture et de l’alimentation du Canada, aménagé sur le site de l’ancienne ferme expérimentale de la capitale fédérale, dans des bâtiments anciens réhabilités à cette fin.

« La Pocatière, c’est le premier vrai centre agricole au Canada. C’est suffisant pour convaincre les autorités à Québec de débloquer l’argent pour en faire un véritable pôle muséal dédié à l’agriculture. Un musée national québécois consacré à l’agriculture, tu ne peux pas aménager ça à Québec, ça n’a aucun sens. Il faut que tu fasses ça dans un lieu chargé de signification pour tout le Québec. Il y a matière là pour intéresser également les autorités municipales, à mon avis », a déclaré Pierre-Paul Sénéchal.

À la Ville de La Pocatière, le maire Sylvain Hudon, qui était bien au fait de la proposition du GIRAM, a toutefois préféré ne pas s’avancer.

« C’est prémédité de prendre position pour le moment. La solution idéale c’est que les deux ministères (MCC et MAPAQ) s’en occupent. Il y aussi un autre joueur qui est là-dedans, le MQAA. Est-ce réaliste pour eux? Ça les concerne quand même », a-t-il rappelé.

Contacté à cet effet, le président du Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation, Rosaire Ouellet, a indiqué que son organisation était intéressée par les bâtiments, dans la mesure où le MAPAQ ou le ministère de la Culture, ou les deux, s’impliquent financièrement dans le projet. Autrement, le Musée n’a pas les moyens de s’approprier ces édifices et de les rénover, a-t-il précisé.

« Nous avons en notre possession tous les artéfacts nécessaires à exposer dans ces deux bâtiments et il est très réaliste de penser qu’on pourrait y tenir des visites guidées. Ce n’est pas si loin de notre emplacement principal. Bref, c’est faisable, mais avec l’appui des ministères concernés », a déclaré Rosaire Ouellet.

Opportunité

Dans l’optique où le tourisme intracontinental est appelé à augmenter dans le contexte post-COVID-19, selon le GIRAM, Pierre-Paul Sénéchal croit que ces deux bâtiments représentent une opportunité pour positionner davantage La Pocatière sur le plan touristique. Il espère donc que le ministère de la Culture prendra en considération l’impact économique que la meunerie et la bergerie pourraient représenter pour la région, si ces deux bâtiments étaient convertis à un nouvel usage, notamment celui que son organisation propose.

« On sait que le MCC omet souvent l’impact économique dans ses évaluations patrimoniales et qu’il est très sélectif. Espérons que ça ne sera pas le cas ici », conclut-il.