La réouverture des musées ne sera pas chose facile

Le Musée maritime du Québec à L’Islet. Photo : Facebook Musée maritime.

Même s’ils peuvent en théorie rouvrir leurs portes depuis vendredi dernier, les musées du Kamouraska et de L’Islet auront encore besoin de temps avant d’accueillir leurs premiers visiteurs. Les institutions interrogées doivent procéder à une adaptation particulière de leurs lieux et de leurs expositions afin d’accueillir les gens dans le respect des recommandations édictées par la santé publique.

Le Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli est de ceux qui devront revoir pratiquement toutes leurs façons de faire. Le directeur Jean-Louis Chouinard rappelle que tout le musée repose sur des témoignages enregistrés que les visiteurs sont invités à écouter par le biais d’un écran tactile et d’une oreillette. Tout ce volet doit donc être repensé.

« Les normes imposées impliquent énormément de modifications et on ne sait pas vraiment à combien de visiteurs on peut s’attendre. De façon générale, on croit qu’il y en aura moins qu’à l’habitude et que ce sera un tourisme plus intrarégional, comme on observe actuellement en Europe. Mais il y a aussi tout le facteur température qui aura aussi un impact et qui est difficile à prévoir », indique-t-il.

Même chose à la Seigneurie des Aulnaies, où on doit faire une croix cette année sur la venue d’une vingtaine de transporteurs apportant avec eux entre 30 et 50 personnes à chaque visite. Le directeur général André Anglehart prévoit donc fonctionner à effectif réduit, lui qui emploie jusqu’à une quinzaine de personnes au plus fort de la saison.

« Les nouvelles règles ont évidemment un impact sur nos visites guidées, car il n’est plus permis de faire des visites de groupes, mais également sur toutes les activités connexes que nous tenons habituellement en été comme nos ateliers ou nos concerts extérieurs. Dans ce contexte, c’est sûr qu’il y aura des pertes de revenus importantes », poursuit-il.

Visites 3D

La Maison Chapais de Saint-Denis-De La Bouteillerie est un peu dans la même situation, de reconnaître son directeur Hubert Théberge. Un peu comme à la Seigneurie des Aulnaies, l’expérience offerte est basée principalement sur une visite animée par des guides interprétant des personnages de la famille Chapais. L’information est communiquée aux visiteurs sous cette forme.

« On se penche sur différentes solutions comme faire migrer une partie de notre visite sur le web en 3D. Le tout serait gratuit afin de donner le goût aux gens de venir la compléter par eux-mêmes sur place. Le summum serait d’avoir une application que les gens téléchargeraient à leur arrivée et qui leur permettrait de faire la visite avec leur propre téléphone qui servirait d’audioguide. C’est des options que nous sommes en train d’évaluer », mentionne Hubert Théberge.

Et comme la Maison Chapais s’attend elle aussi à un tourisme plus intrarégional, le directeur indique se pencher sur la création d’une visite régionale dans laquelle l’histoire politique des autres localités du Kamouraska serait intégrée et racontée dans le même esprit que celle de la famille Chapais.

Musée maritime

À L’Islet, la situation du Musée maritime du Québec n’est pas différente des autres institutions muséales interrogées. La directrice générale Marie-Claude Gamache avoue encore se questionner sur la date d’ouverture au public.

En ce qui concerne la réorganisation des visites, celle-ci va bon train. Le parcours à sens unique a déjà été déterminé et il fonctionne, assure-t-on. Il ne manque que la signalisation.

L’impossibilité de tenir des visites guidées force toutefois le Musée à prévoir une répartition de ses guides à des endroits stratégiques afin qu’ils puissent procéder à la désinfection des lieux, orienter les gens et répondre aux questions en lien avec les expositions.

Chaque exposition étant différente et à la fois multiplateforme en matière de diffusion, chacune d’entre elles doit être adaptée à la réalité imposée par la COVID-19. Par contre, il sera impossible cette année d’ouvrir l’hydroptère au public, précise Marie-Claude Gamache, ce navire étant doté que d’une seule entrée. « On va trouver des façons alternatives de présenter le contenu », a-t-elle déclaré.

Toutes ces modifications posent toutefois la question du tarif pour le Musée maritime. Comme le souligne la directrice générale, l’établissement est complètement fermé au public depuis la mi-mars et les changements qui doivent être apportés aux expositions impliquent tout de même des investissements financiers. Le Musée est encore à évaluer comment ces pertes de revenus et l’anticipation d’une baisse du nombre de visiteurs au courant de l’été affecteront ses finances.