Jamais la microbrasserie Ras L’Bock de Saint-Jean-Port-Joli et La Pocatière n’aurait pensé un jour être plongée au cœur d’une controverse entourant le nom d’un de ses produits. Encore moins pour une bière brassée une seule fois par année. C’est pourtant ce qui lui est arrivé il y a un mois… en Nouvelle-Zélande.
Cette controverse concerne une double IPA utilisant du houblon néo-zélandais, brassée pour la dernière fois en 2019. Lors de la première cuvée réalisée il y a un peu plus de trois ans, les copropriétaires de Ras L’Bock, Alexandre Caron, Julien Chouinard et David Lebel, avaient eu l’idée de nommer le produit Potatau Te Wherowhero, en l’honneur du chef de la tribu maori Waikato du même nom considéré comme étant le premier roi maori, peuple autochtone de Nouvelle-Zélande.
« Il fallait trouver un nom à la bière qui était prête à être commercialisée. On avait fait un peu de recherche sur l’histoire des Maoris, mais visiblement pas assez. Notre intention n’était pas mauvaise, au contraire, on trouvait que c’était une belle façon de souligner l’existence de cette culture autochtone néo-zélandaise », raconte Alexandre Caron.
En Nouvelle-Zélande, des représentants et défenseurs de la culture maori ne l’ont malheureusement pas vu du même œil. Lorsqu’ils ont récemment découvert l’existence de la bière, possiblement par le biais de l’application Untappd, de l’avis d’Alexandre Caron, il n’en fallait pas plus pour que le trio de brasseurs soit accusé de faire l’appropriation culturelle et d’utiliser l’image de Potatau Te Wherowhero comme « mascotte » pour la promotion de leur produit.
La tempête a été telle qu’Alexandre Caron a dû défendre son entreprise d’être raciste auprès de certains médias néo-zélandais, dont TVNZ, l’équivalent de Radio-Canada en Nouvelle-Zélande, qui a d’ailleurs titré la nouvelle de la sorte, reprenant la citation d’Alexandre Caron : « We are not racist. ». « C’était maladroit de notre part et on s’en excuse », a-t-il de nouveau déclaré au Placoteux.
Alexandre Caron a rappelé que la bière n’était déjà plus disponible avant que la controverse n’éclate. Il n’exclut toutefois pas que son entreprise brasse de nouveau la même recette. Advenant le cas, la bière serait toutefois commercialisée sous un autre nom.
« Ce qu’on retient de cette histoire, c’est que lorsqu’on veut faire référence à une culture autre que la nôtre, il est important de prendre le temps de s’informer, ou du moins, de demander la permission aux gens concernés afin d’éviter ce genre de situation malheureuse », conclut-il.