Les bars ne peuvent toujours pas rouvrir leurs portes, à l’exception de ceux qui possèdent également un permis de restauration. Une situation qui fait le bonheur de certains tenanciers de bar, mais qui est également qualifiée d’injuste par d’autres.
Propriétaire du Café Saint-Louis à La Pocatière, Albert Dubé est de ceux qui portent un regard critique sur la réouverture des salles à manger dans les restaurants. Si les bars désirent rouvrir leurs portes, ils doivent impérativement servir de la nourriture et disposer d’un permis de restauration, alors qu’il sera maintenant possible pour les restaurants de servir de la boisson en salle sans que les clients aient à consommer de la nourriture. Un non-sens, selon lui.
« C’est injuste, car ça entre en compétition directe avec nous. Maintenant, elle est où la distinction entre un permis de bar et un permis de restaurant », questionne celui qui ne veut surtout pas donner l’impression d’être en guerre contre ses collègues du domaine de la restauration.
« Dans mon cas, le bar n’est pas mon seul revenu. J’ai aussi des immeubles commerciaux et résidentiels. Je suis capable de payer mes factures et je vais être en mesure de rouvrir mon établissement. Mais les propriétaires qui vivent seulement des revenus de leurs bars, non seulement c’est difficile pour eux, mais le gouvernement ne vient pas de les aider », poursuit-il.
Buro Grill & Bar
Quelques rues plus loin, au Bruo Grill & Bar, le propriétaire Vincent Bérubé est des chanceux dont le bar était déjà à vocation mixte avec un service de restauration, avant le début de la pandémie. Son permis de restauration lui permet donc de procéder à la réouverture de son établissement, mais il hésite encore.
« Les règles demeurent encore très restrictives pour opérer. À mon avis, elles vont finir par s’assouplir davantage. Je demeure confiant, mais je suis toujours en réflexion », confiait-il.
Il compte peut-être enclencher le projet de rénovation qu’il devait de toute manière réaliser ce printemps, avant de procéder à une réouverture. « C’est quand même un poids de moins de savoir qu’on peut enfin rouvrir », ajoutait-il.
La Baleine Endiablée
À la microbrasserie La Baleine Endiablée de Rivière-Ouelle, l’établissement offrait déjà un service de restauration depuis son ouverture, l’été dernier, en plus de celui d’auberge conviviale avec une capacité de 57 chambres. Le volet hébergement est rouvert depuis le 1er juin dernier, mais les copropriétaires Jérémie et Sylvain Tremblay parlent tout de même d’une hémorragie à ce chapitre, eux qui avaient 200 réservations de prévues pour l’été avant l’éclatement de la pandémie, en mars dernier.
Grâce à leur permis de restauration et un vaste bar, ils pourront opérer la microbrasserie quand même durant l’été. L’installation des plexiglass autour du bar était pratiquement terminée lors de notre passage. Ils ont également prévu bonifier leur offre en restauration avec un menu pour emporter qui pourra être consommé sur l’une des 30 tables à pique-nique qui seront ajoutées sur le terrain de la microbrasserie.
« On s’est aussi doté d’un permis d’épicerie pour notre boutique qui nous permettra de vendre de la bière embouteillée d’autres microbrasseries durant l’été. On s’adapte à la situation, mais c’est sûr qu’au départ on était prêt pour vivre notre première vraie année d’opération (NDLR : ils sont ouverts à la mi-juillet l’an dernier). On s’attend maintenant plutôt à une reprise tranquille », concluaient-ils.