La COVID-19 a toujours bien eu ça de positif. L’engouement pour les produits maraîchers locaux n’a jamais été aussi grand. Trois entreprises maraîchères en démarrage au Kamouraska peuvent en témoigner. Reste maintenant qu’à livrer la marchandise.
Camille Bisson et Jordan Veillette, copropriétaires des Jardins de la Grande-Ourse de La Pocatière, avouent avoir lancé leur ferme maraîchère avec un certain sentiment d’urgence. Ils savaient que d’autres fermes maraîchères allaient démarrer cette année et qu’il y avait donc une certaine demande à combler.
« On était un peu naïfs, mais à la fois confiants », avoue Camille Bisson.
Question de se démarquer, ils ont opté pour une formule d’abonnement fonctionnant avec une carte prépayée. Chaque semaine, depuis le début juin, le couple tient un kiosque de vente à la ferme à raison de deux jours par semaine. Les abonnés choisissent les légumes qu’ils désirent et la somme est déduite de leur carte. Une fois le solde à zéro, ils peuvent la refinancer.
« On avait débuté notre campagne d’abonnement le 13 février et la réponse était plutôt lente. Quand la COVID est arrivée, en l’espace d’un mois, on a vendu tous nos abonnements. On s’est même constitué une liste d’attente », s’exclame Camille.
L’anxiété alimentaire provoquée par les images d’allées d’épiceries vides, au début de la pandémie, combinée au message d’achat local martelé par le gouvernement ont joué en leur faveur, selon eux. Un avis également partagé par Simon Pilotto, copropriétaire des Jardins du Haut-Pays de Saint-Onésime-d’Ixworth.
Sa conjointe et associée, Fannie Lacasse-Pelletier, a fait un bon travail de marketing sur les médias sociaux, reconnaît-il, mais les messages répétés nationalement en faveur de l’alimentation locale, durant la pandémie, ont bien été entendus, à son avis. Avec leur concept de paniers de légumes que les abonnés passent chercher directement à la ferme ou à un point de chute précis, ils espéraient en livrer une cinquantaine par semaine. Le reste de leur production devait être écoulé au Marché public de la Grande-Anse.
« On avait la moitié des abonnements de vendue avant la crise. L’autre moitié a trouvé preneur dès que la pandémie s’est déclenchée », déclare Simon.
L’autre moitié n’était pas 25 paniers, mais plutôt 40, car c’est un total de 80 abonnements hebdomadaires et bimensuels que les Jardins du Haut-Pays ont vendus. Et la demande est telle que des gens s’informent encore régulièrement auprès des deux maraîchers pour en avoir.
L’entreprise en démarrage a donc dû revoir tout son processus de mise en marché. Le démarchage auprès des restaurateurs de la région a été mis sur la glace pour cette année et la table réservée au Marché public de la Grande-Anse annulée.
Ferme Radikale
Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de la Ferme Radikale de Saint-Bruno-de-Kamouraska. Le propriétaire Laurent Laylle s’attendait au départ à fournir des restaurants du Kamouraska par le biais de la Coop des Champs. Devant la fermeture des restaurants au début de la pandémie et l’incertitude face à leur réouverture en été, il a décidé de participer au Marché public de Rivière-du-Loup et de se lancer dans le processus des paniers, chose qu’il redoutait.
« Il y a déjà beaucoup de maraîchers qui en font dans la région et j’avais le sentiment que le marché était saturé. J’ai pris une vingtaine d’abonnements, mais depuis j’en refuse. La COVID a provoqué un réel engouement », indique-t-il.
Laurent Laylle se questionne néanmoins à savoir si cet intérêt perdura l’an prochain. Aussi belle soit-elle, la formule des paniers ne convient pas à tout le monde, rappelle-t-il. Elle force l’abonné à s’habituer à cuisiner des légumes qu’ils lui sont parfois inconnus et selon leurs disponibilités en saison. Pour ceux qui en sont à leur première expérience, cela demande de l’adaptation et il est possible qu’ils ne renouvellent pas leur abonnement lorsque le sentiment de « retour à la normale » sera généralisé, de l’avis du maraîcher.
« Disons que la COVID nous offre cette année une belle opportunité de séduction auprès d’une nouvelle clientèle. Tant mieux ! Mais maintenant, à nous de veiller à ce que la magie opère et que cet engouement soit permanent », conclut-il.