Achat local : Des résultats variables

Anthony Dionne et sa conjointe Rosalie Vocelle-Audet en compagnie de leur petite fille. Photo : Maxime Paradis.

Les maraîchers ont peut-être le vent dans les voiles à cause de la COVID-19, mais ce n’est pas le cas de tous. Deux autres producteurs et transformateurs du domaine agroalimentaire de la région interrogés par Le Placoteux sortent de la pandémie avec des résultats forts différents.

La boulangerie Du pain… c’est tout! de Saint-Roch-des-Aulnaies a connu un début de pandémie plutôt difficile de l’avis du copropriétaire de l’entreprise, Charles Létang. Le boulanger travaille ses produits avec la farine produite directement au moulin de la Seigneurie des Aulnaies, sur le terrain même où son commerce est également établi. Cette farine, quant à elle, est produite à partir de grains biologiques provenant de producteurs locaux.

Ouverte depuis 2017, la boulangerie s’est forgé une belle réputation au fil du temps, notamment auprès des locaux qui permettent à l’entreprise d’opérer 11 mois par année avec quatre employés à temps plein. Autrement, il y a les restaurants. Leur fermeture précipitée par la COVID-19 est ce qui a le plus fait mal à l’entreprise, de l’avis du boulanger.

Ensuite est venu le barrage routier à l’entrée du Bas-Saint-Laurent, un autre coup dur, puisqu’une bonne partie de la clientèle de la boulangerie provient de La Pocatière. « On a mis en place le service de commande en ligne avec les livraisons le dimanche et ça nous a permis de sauver les meubles », indique Charles Létang.

L’entreprise sort donc de cette pandémie en ayant pratiquement maintenu son chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier, la baisse de mars ayant été légèrement compensée par la hausse d’avril. De là à conclure qu’il y a un engouement certain pour les produits agroalimentaires locaux? Le boulanger demeure prudent. Dans son cas, le pain est un produit de première nécessité, rappelle-t-il, contrairement au fromage, par exemple, ce qui peut expliquer en partie pourquoi il ne s’en tire pas si mal dans l’ensemble.

« C’est vrai, notre entreprise connaît une belle progression depuis notre ouverture, alors oui, je dirais qu’il y a une réceptivité pour l’achat de produits locaux. Mais je crois que ce n’est pas gagné non plus », a-t-il déclaré.

Ferme Carena

À Mont-Carmel, le copropriétaire de la Ferme Carena, Anthony Dionne, a de son côté vécu un véritable engouement pour ses produits. Producteur de veaux d’embouche, il écoule 50 % de sa production localement et l’autre moitié sur le marché commercial. Son troupeau est composé d’une quarantaine de bêtes.

« Dès que le confinement a débuté, les gens se sont mis à nous appeler pour faire l’achat de demi-carcasses ou de carcasses complètes. Et dans les épiceries de la région où notre viande est vendue, on nous a parlé d’un engouement similaire pas seulement pour pas mal tous les produits locaux », indique-t-il.

Comme il reconnaît ne pas avoir été plus actif qu’à l’habitude sur les médias sociaux, il attribue cet intérêt en grande partie aux campagnes de promotion d’achat local faites à l’échelle régionale. Il cite particulièrement la publication recensant tous les producteurs et transformateurs kamouraskois réalisée et diffusée à grande échelle par Promotion Kamouraska et la MRC, qui a été d’une grande aide, selon lui.

Difficile à dire, toutefois, si cet engouement se maintiendra. Anthony Dionne espère que oui, mais il croit qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.

« Ça fait un moment déjà que les gens se questionnent sur la provenance des aliments, le bien-être animal et l’alimentation bio. Des fois, les crises sont vues comme des vectrices de changements, alors qu’elles sont simplement plutôt des accélérateurs », conclut-il.