Achat local : Quand les éléments jouent contre nous

Rachel White et Pascal-André Bisson. Photo : Maxime Paradis.

Les maraîchers ont peut-être le vent dans les voiles à cause de la COVID-19, mais ce n’est pas le cas de tous. À la Fromagerie Le Mouton Blanc de La Pocatière, la pandémie a joué contre l’entreprise sur différents aspects et la clientèle locale a très peu répondu.

La diminution du chiffre d’affaires évaluée par les copropriétaires de la Fromagerie Le Mouton Blanc, Rachel White et Pascal-André Bisson est de 80 %.  En opération depuis plus de 15 ans, la Fromagerie vend directement à la ferme et par le biais d’un distributeur, ailleurs au Québec.

« On ne l’a pas vu venir. On était en pleine lancée. On faisait que progresser avant la COVID. Tous les mois étaient toujours meilleurs que ceux d’avant et ceux de l’année précédente. On avait le vent dans les voiles », a exprimé Rachel White.

La pandémie est venue tout changer. « Le calme plat, du jour au lendemain. Autant à la boutique que du côté de la distribution », poursuit-elle.

Les appels lancés par le gouvernement du Québec et les organismes de développement régional invitant à favoriser l’achat local ne se sont pas rendus jusqu’au Mouton Blanc, indiquent les copropriétaires. Les quelques locaux qui avaient déjà l’habitude de fréquenter la boutique ont continué d’affluer, mais rares sont les nouveaux qui se sont ajoutés. Rachel White et Pascal-André Bisson le reconnaissent, leur clientèle est avant tout touristique, sinon « extrarégionale ».

« Le contrôle routier nous a fait mal. Les gens de Montmagny et de Lévis qui avaient l’habitude de venir chez nous n’ont pas pu le faire pendant plus d’un mois. Et comme on était dans le meilleur de notre saison de production, il était impossible pour nous de mettre en place un service de livraison pour aller à leur rencontre. Nous sommes une petite entreprise à effectif réduit », rappelle Rachel White.

Pascal-André Bisson va plus loin et estime que le fromage est un produit difficilement « vendable » sur le web. Et avec les longs délais de livraison observés ces derniers mois pour les produits achetés en ligne, il n’ose même pas imaginer comment il aurait pu vendre du fromage, un produit périssable, dans ces conditions.

Caves garnies

En contrepartie, cette baisse de régime à la boutique, mariée à une production roulant à plein régime, a permis aux deux fromagers de bien garnir leurs caves. « Elles n’ont jamais été aussi pleines », assure Rachel White. Leurs fromages étant principalement à pâtes fermes, ils se conservent également plus longtemps, un avantage. Les amateurs de meules vieillies risquent donc d’être servis dans quelques mois.

Mais la COVID amène tout de même le tandem de fromagers à se questionner sur la recette qui leur permettra de joindre davantage les « locaux ». Une meilleure réponse localement leur permettrait de diminuer non seulement leur dépendance à la distribution, mais de compenser les pertes engendrées par l’absence de touristes dans la région.