LA POCATIÈRE – Le professeur et réalisateur Jean-François Vallée a présenté en avant-première son documentaire Castor inc. – Harnacher, détourner et ennoyer au Cinéma Le Scénario. Plus de 80 spectateurs ont assisté à cette démonstration des impacts de l’hydroélectricité sur le territoire québécois.
Roméo Bouchard était le porte-parole de l’événement. Juste avant la présentation du film, il a prévenu les spectateurs : « Nous nous plaisons à répéter que notre hydroélectricité est une énergie propre, acceptable socialement et écologiquement. Je parie que vous en serez moins sûrs après avoir visionné le film. »
M. Bouchard s’est dit impressionné par la qualité du documentaire d’une heure, qui selon lui « n’a rien à envier aux œuvres de Richard Desjardins ou de Hugo Latulippe ». Cette reconnaissance a atténué les appréhensions du réalisateur, qui a investi près de 25 000 $ de ses propres deniers pour concrétiser son projet. « J’avais peur de ne pas être à la hauteur de mes ambitions, mais l’approbation d’un homme comme Roméo Bouchard, c’est le baiser de l’ange! », a confié Jean-François Vallée, très ému.
Pas si propre, l’hydroélectricité
À partir de l’exemple des régions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, Castor inc. démontre à l’aide d’images et de témoignages les résultats concrets de l’édification des grands ouvrages hydroélectriques sur l’environnement et les habitants de ces contrées éloignées (voir l’article de Maurice Gagnon dans l’édition du 20 août du Placoteux).
« J’aurais voulu me rendre encore plus au nord, où les effets sont encore plus dévastateurs, mais sans financement extérieur, je n’en ai pas eu les moyens, a expliqué le réalisateur. Mes images permettent quand même de voir que les immenses lacs du Nord québécois ne sont plus des lacs, mais des réservoirs, comme le lac Saint-Jean, qui n’est plus un lac depuis 1926, lorsqu’Alcan a mis en fonction ses premiers barrages. »
Au terme de la projection, plusieurs spectateurs originaires de la région ont confirmé les informations contenues dans Castor inc. Certains ont aussi souligné la forte diminution des emplois créés par Alcan depuis 30 ans, alors que les effets environnementaux sont toujours bien réels, comme la forte érosion des berges ou les terres agricoles perdues sous les eaux.
En tournée
Jean-François Vallée s’attelle à la tâche de faire connaître au plus grand nombre son documentaire. La grande première aura lieu au Saguenay (la date reste à déterminer) en présence des principaux acteurs du film. L’acteur Mario St-Amand, déjà impliqué avec la Fondation Rivières pour la rivière Sault-au-Cochon, a accepté d’être porte-parole de Castor inc. pour la première. Le film sera ensuite proposé aux Rendez-vous du cinéma québécois et autres festivals du Québec.
Le réalisateur souhaite que son travail puisse éveiller les consciences des Québécois quant à leur consommation d’énergie. « Nous sommes parmi les plus grands consommateurs d’énergie au monde, insiste Jean-François Vallée. Il faut comprendre notre impact écologique, et réaliser que la seule solution pour l’atténuer est de réduire notre consommation. La seule énergie vraiment propre est celle que l’on ne consomme pas. »