COVID-19 : De retour du front

Marie-Ève Gagnon a passé un peu plus d’un mois « au front ». En fait, elle a vécu des expériences humaines authentiques et enrichissantes, en soignant des personnes âgées atteintes de la COVID-19 dans la région de Montréal.

La mère de famille de 38 ans de Saint-Joseph-de-Kamouraska, technicienne en travail social de métier, ressentait le besoin d’aider. La maman de trois enfants de 11 , 7 et 3 ans s’est sentie interpellée lorsque les nombreuses éclosions du nouveau coronavirus ont commencé dans les milieux de vie des aînés de Montréal.

« Je ne pouvais rester tranquillement en place chez moi alors que j’avais pleinement la capacité d’aider. Le nombre de personnes contaminées par le coronavirus qui augmentait de manière fulgurante me touchait énormément. J’avais besoin de répondre à l’appel pour m’assurer qu’il y ait des gens qui accompagnent les personnes les plus vulnérables au virus », raconte-t-elle, quelques jours après son retour.

Elle était elle-même bien placée pour savoir quel genre de travail cela représentait, étant issue du domaine de la santé.

On l’a affecté principalement sur un site de soins non traditionnel, c’est-à-dire à l’hôtel Place Dupuis en plein cœur du centre-ville de Montréal. Elle a été fortement étonnée par tout le travail qui a été fait pour mettre ce site en place.

« Une équipe du CIUSSS de l’Est de Montréal a travaillé avec brio pour transformer cet endroit en un lieu de soins et d’hébergement temporaire pour des personnes âgées ayant contracté la COVID-19 (zone chaude) ou ayant été en contact avec des gens positifs (zone tiède). Une mesure qui a permis de diminuer fortement la propagation du virus dans les milieux de vie des personnes âgées », a-t-elle pu constater, tout en ajoutant que l’amélioration des installations se faisait de façon continue.

Elle agissait alors comme aide de service : servir les repas, ramasser, contribuer à certains soins d’hygiène, participer aux différents services pour l’usager, stimuler, discuter, écouter et encourager l’usager à participer à des activités occupationnelles, et plus.

« Les préposés aux bénéficiaires et les aides de service sont les yeux des médecins et des infirmières. Puisqu’ils sont au cœur même de la vie quotidienne des patients, ils sont en mesure de partager des informations sur l’état de santé et sur le comportement du patient, ce qui est précieux pour aiguiller l’équipe soignante ».

Expérience incroyable

Marie-Ève Gagnon s’est nourrie de cette expérience. Elle parle de rencontres incroyables, vraies, authentiques. « Avec eux, j’ai ri, j’ai pleuré. J’ai chanté, j’ai observé. J’ai parlé, j’ai écouté. J’ai réécouté. Et j’ai écouté à nouveau, souvent les mêmes détails ou les mêmes histoires de personnes atteintes de démence. J’ai nourri, j’ai hydraté. J’ai lavé, j’ai consolé. J’ai bordé, j’ai réveillé. J’ai encouragé, j’ai stimulé. J’ai surveillé.
Bref… j’ai été là », résume-t-elle.

Elle dit ne pas avoir eu peur d’attraper la COVID-19, mais elle avait plutôt une constante préoccupation à ne pas être vectrice de la maladie. À son arrivée, elle voyait tout comme un risque potentiel d’attraper le virus, ce qui l’a mené à se poser mille questions sur ses façons de faire et à tout de suite prendre de bonnes habitudes sanitaires.

Avec le recul, elle est convaincue d’avoir fait une différence pour les aînés dont elle a pris soin. Elle retenterait l’expérience si le besoin se faisait de nouveau ressentir.

« Je suis tellement heureuse de mon expérience que je recommencerais sans aucune hésitation. J’ai été bien préparé par l’équipe du CISSS du Bas-Saint-Laurent avant mon départ. J’ai été bien soutenu par cette même équipe pendant mon séjour à Montréal et c’est la même chose au retour également. C’est très aidant pour vivre une telle expérience», dit-elle.

Structures

Par ailleurs, Marie-Ève Gagnon estime que les mégastructures que sont rendues les CIUSSS et les CISSS apportent une lourdeur indéniable dans tout le réseau de la santé. « Cela n’a pas aidé à gérer la crise amenée par le nouveau coronavirus dans les milieux de vie pour personnes âgées. Je crois qu’il faut absolument donner une marge de manoeuvre aux établissements qui connaissent leurs particularités locales, les meilleures façons d’améliorer leurs services et de répondre aux réels besoins de leur clientèle. C’est ce qui permet de coordonner plus rapidement, de s’adapter efficacement et d’augmenter la capacité de gérer une situation d’urgence telle que vécue.  Ajoutez à cela un ratio suffisant de professionnels qualifiés, motivés, avec des conditions de travail adéquates. Les milieux de vie de nos aînés doivent être revus et améliorés», conclut-elle.