Le premier ministre François Legault a confirmé aujourd’hui en point de presse ce que plusieurs attendaient depuis quelques jours : le port du masque sera obligatoire dans les lieux publics fermés à partir du 18 juillet. Les propriétaires de ces lieux qui ne veilleront pas à l’application de cette mesure encourent des amendes salées.
Cette option a toujours été dans les cartons de son gouvernement, a reconnu François Legault, même s’il avoue qu’il s’attendait plutôt à ce que cette directive soit déployée en septembre prochain. Il refuse toutefois de reconnaître avoir été pressé par les municipalités, dont Montréal qui annonçait récemment ce même type d’obligation, dès le 27 juillet prochain.
La recrudescence des infections à la COVID-19 depuis une semaine et les vacances de la construction qui vont entraîner de nombreux déplacements partout au Québec sont essentiellement ce qui a motivé son gouvernement à emboîter le pas en ce sens. « C’est primordial si on ne veut pas revenir en arrière (reconfiner) », a-t-il déclaré.
La responsabilité d’appliquer cette directive revient donc aux propriétaires de ces lieux publics fermés, qui encourent des amendes salées — 400 $ à 6000 $ — s’ils permettent à des gens non masqués de fréquenter ces endroits sous leur responsabilité. Une période de sensibilisation est prévue, assure François Legault, de telle sorte que les amendes ne devraient pas être attribuées aux fautifs dans les premiers jours de l’instauration de cette nouvelle directive, et surtout, elles seront progressives, c’est-à-dire que le montant sera plus élevé chez les propriétaires récidivistes.
« À partir du 1er août, il pourrait y avoir des amendes aux individus », a-t-il ajouté.
Application
Le directeur de la Santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, a quant à lui apporter quelques précisions sur l’application de cette obligation. Elle vise d’abord la population et non pas les travailleurs desdits lieux publics fermés, ces derniers étant déjà soumis à des consignes édictées au sein de guides de la CNESST.
Le masque sera d’autre part requis lorsque la personne est en mouvement et à moins de deux mètres de quelqu’un. Un client attablé à un restaurant, par exemple, n’aura pas à remettre son masque entre chaque bouchée de son repas, comme certains le craignaient, celui-ci étant déjà distancé des autres par l’obligation imposée aux restaurateurs de fonctionner avec des salles à manger à capacité réduite afin de respecter les règles de distanciation physique. Le client devra cependant le remettre s’il décide de se rendre à la salle de bain, précise-t-on.
Réaction
La directrice générale de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet, Nancy Dubé, a mentionné que cette directive était une nouvelle brique sur la tête de ses membres. « C’est un dur coup qui va entraîner d’autres coûts », citant en exemple un membre qui évaluerait la possibilité d’embaucher du personnel qui aurait la tâche de veiller au respect de cette directive afin d’éviter les amendes. « Il estime que ça pourrait lui coûter autour de 700 $ par semaine. »
Un autre lui aurait simplement dit : « Ils vont me tuer », précisant que les commerçants n’ont pas le goût de jouer à la police avec la clientèle, surtout pas dans le contexte de reprise précaire qu’engendre le déconfinement actuel.
« C’est beaucoup de responsabilité qu’on met sur les épaules des propriétaires, une fois de plus. Les amendes sont très difficiles à avaler, d’autant plus que ça ne sera pas eux les fautifs, mais des clients récalcitrants. La pilule ne passe pas du tout », conclut Nancy Dubé.