Une retraite consacrée à la recherche historique pour Pierrette Maurais

Pierrette Maurais. Photo : Maxime Paradis.

Un nouveau chapitre s’ouvre pour Pierrette Maurais. Archiviste et ethnologue au Centre d’archives de la Côte-du-Sud depuis près de 30 ans, cette passionnée de l’histoire sud-côtoise plonge aujourd’hui à pieds joints dans la retraite. Gageons qu’elle ne restera pas sans rien faire très longtemps.

Pierrette Maurais n’est pas du type à se tourner les pouces. Au sortir de sa maîtrise en ethnologie, elle se souvient avoir travaillé au Musée maritime du Québec, à L’Islet. « C’était la première année que le Ernest-Lapointe (NDLR : brise-glace de la Garde côtière canadienne) était ouvert au public », souligne-t-elle.

À cette époque, Pierrette Maurais s’occupait des visites guidées. Quand il n’y en avait pas, elle faisait des retouches de peinture sur le bateau. On peut donc facilement s’imaginer à quoi ressemblera sa retraite : pas nécessairement des projets de rénovations, mais un temps occupé à faire ce qu’elle aime par-dessus tout : la recherche.

« Chaque recherche historique que j’ai faite, c’était toujours plus gros que ce que je pensais au départ. Tu trouves une information qui t’amène à autre chose et ainsi de suite. Tant que je n’ai pas toutes les réponses, je continue de chercher. Le danger, c’est que lorsque tu embarques là-dedans, tu ne vois plus le temps passer. »

Le cahier historique sur les tanneries qu’elle travaille actuellement — son troisième qu’elle publiera sous peu — en est un bon exemple. La veille, elle avoue avoir commencé ses recherches tôt le matin et avoir terminé en début de soirée. Là-dessus, elle s’est permis un 30 minutes pour dîner. Un projet qui visiblement ressemble plutôt à un travail à temps plein qu’un passe-temps de nouvelle retraitée…

« J’ai fait des chroniques historiques durant quelques années dans l’émission du matin à CHOX-FM. C’était énormément de préparation, car je ne savais jamais vraiment sur quoi on me questionnerait. Je ne voulais pas être prise au dépourvu, alors je faisais beaucoup de recherches pour être prête à toutes les éventualités », poursuit-elle.

Cette rigueur dont Pierrette Maurais a toujours fait preuve dans son travail n’est pas étrangère au fait qu’elle est devenue cette référence incontournable en matière d’histoire de la Côte-du-Sud depuis 40 ans. En 2000, le Conseil de la Culture du Bas-Saint-Laurent, en collaboration avec la MRC de Kamouraska et le ministère de la Culture et des Communications, l’ont d’ailleurs souligné en lui décernant le prix du patrimoine dans la catégorie diffusion et interprétation.

Il faut dire que ses contributions afin de bonifier la diffusion de l’histoire régionale impressionnent : Seigneurie des Aulnaies, Musée régional de Kamouraska, Maison Chapais, Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation, Fil Rouge, Pierrette Maurais a mis ses connaissances historiques au profit d’innombrables organisations régionales. Oui, elle cherche, mais elle communique ses connaissances avec tant d’aisance qu’on en vient parfois à se demander comment elle fait pour emmagasiner toutes ces dates ou ces informations concernant les familles de la région qui ont contribué à son développement par le passé.

« Je ne dirais pas que j’ai une mémoire photographique, mais je suis avant tout quelqu’un de visuel. Quand j’étais sur les bancs d’école, les enseignants les plus intéressants étaient ceux qui réussissaient le plus à capter mon attention. »

Un peu comme son père réussissait à le faire en lui racontant les « histoires de la place » dès sa tendre enfance, souvent avec une exactitude des faits à géométrie variable, convient-elle aujourd’hui, mais du moins avec des images suffisamment fortes pour qu’il contribue, peut-être plus que n’importe qui d’autre, à développer sa passion pour l’histoire.

« Il y avait aussi cette dame qui me racontait des contes et légendes. J’aimais l’écouter, elle me captivait. » Une influence qui explique sans doute pourquoi Pierrette Maurais raconte elle aussi contes et légendes devant public, à l’occasion, et pourquoi elle s’est intéressée particulièrement à ceux du Kamouraska dans un de ses deux cahiers d’histoire déjà publiés, l’autre portant sur les quêteux de la Côte-du-Sud.

Datation de maison

« Le Kamouraska… à voir ! », une autre publication sur laquelle Pierrette Maurais a travaillé au milieu des années 80, en collaboration avec Lucie Dallaire et Sylvain Thiboutot, la rend encore particulièrement fière aujourd’hui. Ce guide historique et touristique portant sur plusieurs des bâtiments emblématiques et patrimoniaux du Kamouraska avait été imprimé à l’époque par Imprimerie Fortin.

« Il fallait vendre tous les livres pour rembourser l’imprimeur. Je me suis promenée partout pour en vendre et ç’a fonctionné. J’y croyais beaucoup », se rappelle Pierrette Maurais.

Ce livre est d’ailleurs ce qui lui a permis de développer une belle expertise dans la datation de maison, quelque chose qui s’apprend seulement sur le tas, indique l’ethnologue et archiviste, expertise qu’elle a partagé à des étudiants lors d’ateliers spécialisés réalisés dans le cadre de l’université d’été de l’UQAR tenue à La Pocatière il y a quelques années.

« C’est sûr que je vais continuer à donner des conférences, ou même faire des contrats comme consultante. Mais il y a tellement d’informations que j’ai amassées au fil des ans que j’ai le goût d’approfondir. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, mais c’est sûr que la retraite va servir à ça en partie, la recherche. »