La Pocatière : Une coopérative pour assurer une relève aux marchands

La 4e Avenue à La Pocatière. Photo : Maxime Paradis.

Les entreprises du domaine du commerce de détail en quête d’une relève entrepreneuriale à La Pocatière pourraient se regrouper au sein d’une coopérative dans l’attente de repreneurs. Ce projet-pilote unique au Québec, auquel au moins un marchand pocatois y trouve de l’intérêt, pourrait voir le jour incessamment si une masse critique d’entreprises décidaient de joindre ses rangs.

Mené par Patrice Blais, directeur régional de la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) régions Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Îles-de-la-Madeleine, ce projet-pilote a vu le jour à la suite d’une rencontre organisée l’an dernier avec le regroupement de marchands pocatois «Je commerce ICI». L’approche de la retraite pour plusieurs propriétaires d’entreprises et la difficulté à trouver une relève figuraient parmi les principales préoccupations des entrepreneurs présents à cette rencontre.

« Une idée a été émise : celle d’une forme d’entité qui rachèterait les commerces à vendre, le temps de former la relève, qui elle se porterait acquéreuse de ladite entreprise, par la suite », résume Patrice Blais.

De cette idée a été imaginé un modèle de coopérative de solidarité qui aurait pour objectif de consolider le parc commercial d’une ville comme La Pocatière afin de conserver une masse critique de ce que plusieurs considèrent comme étant des services essentiels. Le modèle permettrait notamment à des citoyens du milieu jugeant important le maintien de ces entreprises d’adhérer à la coopérative sous forme de membre-consommateur, en plus de permettre aux employés des entreprises sous le chapeau de la coop d’agir à titre de membre-travailleur, avec en prime différents avantages associés au membership coopératif.

« La coop s’engagerait à acheter les entreprises en vertu d’une évaluation indépendante qui serait réalisée par un professionnel. De leur côté, les cédants poursuivraient la gestion de leur entreprise sur une période de deux à trois ans, après son achat par la coopérative, afin de former la relève qui elle pourrait se porter acquéreuse du commerce à la fin de cette période de transition », résume Patrice Blais.

Plusieurs avantages

Marc Dionne, propriétaire de la boutique de vêtement L’Échiquier à La Pocatière, croit beaucoup à ce projet, au point il s’est impliqué à titre bénévole à son développement aux côtés du CDRQ. Il se rappelle les difficultés de financement auxquelles il a été confronté au début des années 2010, lorsqu’il s’est porté acquéreur de sa boutique et croit que l’approche transitoire que fournirait la coopérative pourrait être salutaire.

Il souligne que la relève bénéficierait d’un transfert de connaissances en règle par le cédant sur quelques années, en plus d’être moins dans « l’urgence » pour préparer les démarches de financements en vue de faire l’acquisition de l’entreprise auprès de la coopérative, cette vente pouvant se réaliser sur un horizon de quelques années. Des employés pourraient aussi être partagés entre certaines entreprises complémentaires qui seraient acquises par la coopérative, un plus dans un contexte de rareté de main-d’œuvre.

« Il faudrait qu’on soit une dizaine d’entreprises intéressées par ce projet pour qu’il en reste au moins cinq ou six sûres pour créer la coopérative », ajoute-t-il.

Patrice Blais est également de cet avis. De plus, il rappelle que le Programme d’appui à la reprise collective d’entreprises du ministère de l’Économie et de l’Innovation est doté d’une enveloppe de 50 M$ jusqu’au 31 mars 2022 et que peu d’entreprises coopératives s’en sont prévalues jusqu’à maintenant. Une future coopérative de marchands pocatois pourrait sûrement y trouver un levier financier intéressant pour procéder aux rachats des premières entreprises.

« Selon le coup de sonde que nous avons réalisé auprès des entreprises de commerce de détail, cette proposition de projet-pilote n’apparaît pas comme la solution que les entrepreneurs du milieu semblent vouloir privilégier pour leur relève », a déclaré Joël Bourque, directeur général de Développement économique La Pocatière.

Patrice Blais ne baisse pas les bras pour autant, et cela, même s’il reconnaît qu’une centaine de villes au Québec, de taille similaire à La Pocatière, pourrait très bien accueillir un projet-pilote de ce type au Québec. Ils invitent donc les intéressés à entrer en contact avec lui à l’adresse patrice.blais@cdrq.coop.

« La CDRQ demeure ouverte à tenir une rencontre d’information auprès des marchands pocatois qui pourraient être intéressés à en savoir davantage. Cette rencontre serait évidemment réalisée en étroite collaboration avec les partenaires en développement économique local et le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ), un partenaire de première importance dans tous les projets de transfert d’entreprise au Québec », conclut-il.