La main-d’œuvre était déjà une denrée rare avant le début de la pandémie, mais voilà que les derniers mois ont accentué cette problématique dans Montmagny-L’Islet. Une vingtaine de responsables des ressources humaines provenant d’entreprises de ces deux MRC ont lancé un véritable cri du cœur à cet effet, le 17 septembre dernier, lors d’une rencontre organisée en présence du député fédéral Bernard Généreux et de la directrice du bureau de la députée et ministre Marie-Eve Proulx.
250, c’est le nombre d’emplois à pourvoir dans 17 entreprises du territoire de Montmagny-L’Islet de déclarer Mireille Thibault, directrice au développement économique et communications au CAE Montmagny-L’Islet. Il s’agit principalement de postes de manœuvres ou de journaliers, dit-elle, postes qui demandent peu de qualifications.
Avant que la COVID-19 ne se pointe le bout du nez, cette pénurie de main-d’œuvre était déjà bien présente et préoccupante. La pandémie est venue l’accentuer.
« La crise a créé de nouvelles opportunités d’affaires pour les entreprises manufacturières de notre territoire, mais la main-d’œuvre n’est pas au rendez-vous. La problématique est telle que des entreprises en sont rendues à refuser des contrats, car elles savent qu’elles ne seront pas en mesure de livrer et qu’elles ne veulent pas avoir à payer des pénalités auprès de leurs clients », explique Mireille Thibault.
PCU
La Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la transition qui doit suivre vers l’assurance-emploi — où il sera possible de se qualifier pour une durée de 26 semaines après seulement 120 heures travaillées — sont actuellement pointées du doigt par les entreprises comme les principaux freins au recrutement de la main-d’œuvre. Avec des salaires qui oscillent en moyenne entre 16 $ et 20 $ de l’heure pour ces postes non spécialisés, les entrepreneurs sont d’avis que les travailleurs qui oublient qu’ils seront imposés sur la PCU l’an prochain se retrouvent dans une situation de « pensez-y-bien » pour plusieurs, préférant ainsi rester chez eux plutôt que de retourner immédiatement sur le marché du travail.
Cette problématique semble d’ailleurs préoccuper le Carrefour jeunesse emploi de la MRC de L’Islet qui présentait récemment son programme : « La PCA, c’est tellement plus payant ! » L’acronyme PCA, qui réfère à Programme Construire son Avenir, vise à encourager la jeunesse du territoire à ne pas attendre la fin de la PCU pour passer à l’action et se trouver du travail ou même retourner aux études.
« On peut dire que notre campagne tombe à point, car oui, il y a effectivement des gens qui touchaient la PCU et qui nous ont contactés, pensant à tort que c’était éternel. Ceux qui voudront retourner aux études, c’est correct, on les accompagnera dans ce sens-là, mais pour les autres qui voudront retourner sur le marché du travail, la bonne nouvelle, c’est que des opportunités d’emploi, il y en a clairement dans L’Islet », de s’exclamer Christine Talbot, responsable des communications du Carrefour jeunesse emploi.
Solutions
Proactives, les entreprises présentes à la rencontre du 17 septembre ont ciblé plusieurs idées pour solutionner cette problématique de main-d’œuvre. L’idée de mettre en place un service d’autobus partagé afin d’aller chercher la main-d’œuvre en milieu urbain a entre autres été suggérée. Mireille Thibault ajoute qu’un recensement des offres d’hébergement en milieu hôtelier disponibles dans la région sera aussi réalisé dans le but d’y loger ces travailleurs de l’extérieur qui n’auront pas nécessairement les moyens de se louer un deuxième appartement.
L’appel aux travailleurs étrangers représente toujours solution sur laquelle misaient déjà plusieurs entreprises avant la pandémie. Des modifications doivent toutefois être apportées aux statuts de certains afin de leur permettre de passer d’un quart de travail de soir à un quart de travail de jour, dit-on. Des représentations ont donc été réalisées auprès des députés provincial et fédéral afin que des pressions soient exercées pour accélérer le traitement de ces demandes.