Eau malodorante de couleur jaune. Dépôt de couleur rouille dans le fond de la douche, de la toilette, du chauffe-eau ou même de la laveuse. Lessive tachée et irrécupérable. Bienvenue dans le futur sur la planète mars ? Non, nous sommes toujours bel et bien en 2020 dans le quotidien des résidents de la rue Desjardins, à Saint-Pascal.
21 ans cette année que Nathalie Dionne habite la rue Desjardins. 21 ans qu’elle subit les conséquences d’une eau trop ferreuse dans son quotidien.
« La première année que j’étais ici, mon linge sortait de la machine et il était tout taché. Je ne comprenais pas. J’ai saigné le chauffe-eau et la situation ne s’est pas corrigée. J’ai donc décidé de le remplacer, pensant que le réservoir était le problème. »
Et elle n’est pas la seule, selon Sylvie Caron et Isabelle Robichaud, deux autres résidentes interrogées qui habitent respectivement la rue Desjardins depuis 2019 et 2011. Régulièrement, le voisinage procéderait à la vidange de leurs réservoirs d’eau chaude à cause de la couleur rouille qui revient dans la tuyauterie de leurs maisons.
Nathalie Dionne, de son côté, ajoute que peu de résidents de la rue consomment l’eau directement du robinet. La plupart se seraient munis d’une machine à eau.
« Trois fois par semaine, je vais remplir mes cruches d’eau chez ma belle-mère. Pensez-vous vraiment que j’ai le goût de boire cette eau-là ou de la servir à des gens que je reçois chez moi ? » questionne-t-elle, en sortant une ancienne bouteille de jus de pommes remplie d’eau jaune, avec en son fond un dépôt ferreux de couleur rouille.
Cette couleur persistante, le conjoint de Nathalie Dionne, Alain Ouellet, qui travaille justement dans le domaine de la tuyauterie, l’attribue à un réseau d’aqueduc vieux de plus de 50 ans fait en acier, victime depuis plusieurs années d’une oxydation lente. Les dépôts de rouille qui s’y accumulent se frayeraient ensuite un chemin vers les conduites des résidences.
« Je serais curieux que la Ville passe une caméra dans le tuyau. À mon avis, ça devrait pas mal ressembler à ça », dit-il en montrant une photo d’une conduite de même type remplacée récemment par l’entreprise pour laquelle il travaille.
Isabelle Robichaud est du même avis. Pour avoir résidé à plusieurs endroits à Saint-Pascal par le passé, elle est convaincue que le réseau d’aqueduc vieillissant de la rue Desjardins est le problème, car jamais elle n’a été exposée à une eau de ce type à ses anciennes adresses. Récemment, elle a procédé au remplacement d’une toilette de sa résidence. Les dépôts ferreux à l’intérieur du réservoir de l’ancienne étaient tels qu’ils se décrochaient en galette lorsqu’elle les grattait. Quant à la nouvelle, déjà la rouille commence à s’accumuler dans le fond du réservoir après même pas un mois d’utilisation.
Sylvie Caron, quant à elle, ne fait même plus la lessive chez elle, à même titre que Nathalie Dionne. Après avoir emménagé sur la rue Desjardins l’an dernier, elle n’a pas tardé à changer ses habitudes. Désormais, c’est chez sa mère à Saint-Denis-De La Bouteillerie qu’elle fait son lavage.
« J’en suis à compiler tous les frais que cela m’occasionne mensuellement. Ça tourne autour de 120 $/mois. Je suis au point où je crois que je vais faire parvenir les factures à la Ville pour me faire rembourser », déclare Sylvie Caron, ajoutant avoir fait l’acquisition d’une piscine cet été et avoir causé tout un émoi chez l’installateur lorsqu’il a constaté la couleur de l’eau au remplissage.