La neige et le vent n’auront pas empêché Félix Gingras Genest de tomber par hasard sur Louis-Joseph Couturier le 23 novembre dernier, à Saint-André. Le néo-Kamouraskois était d’autant plus heureux de rencontrer le cycliste, car il adhère pleinement à la cause qu’il défend : des aménagements plus sécuritaires pour ceux qui se déplacent à vélo.
Louis-Joseph Couturier est parti de Gaspé le 14 novembre dernier avec pour objectif de traverser le Canada à vélo en plein hiver. Son épopée a pour but d’amasser 20 000 $ pour Vélo fantôme, un regroupement qui installe des vélos peints en blanc à des endroits où des cyclistes ont perdu la vie à la suite d’une collision.
Le 23 novembre, Louis-Joseph Couturier circulait sur la route 132 à la hauteur de Saint-André-de-Kamouraska quand il a été aperçu par Félix Gingras Genest. Installé depuis peu à Saint-Bruno, Félix avait l’habitude de se déplacer à vélo lorsqu’il habitait Montréal et Québec. Il s’est même déjà rendu aux Îles-de-la-Madeleine à vélo avec son amoureuse en 2017, virée qui avait plutôt mal débuté en raison d’une collision survenue à Montmagny.
« L’automobiliste qui m’a heurté a fait un délit de fuite. Les quatre autres voitures qui suivaient le véhicule fautif n’ont pas plus arrêté. Je me demande encore ce qui m’a le plus heurté : l’accident comme tel ou ce manque d’assistance », raconte-t-il.
Il a été victime d’un autre accident pratiquement semblable l’année suivante alors qu’il pédalait sur le boulevard Rosemont à Montréal. Une dame circulant en sens inverse lui a coupé la route en voulant tourner à gauche sur une rue perpendiculaire. L’impact a été tel que le rétroviseur de la voiture de la dame a volé en éclat alors que Félix, lui, s’est retrouvé à virevolter sur lui-même comme une toupie.
« J’ai été très chanceux. À part une commotion cérébrale, je n’avais rien de cassé », poursuit-il.
Invisibles
Autant à Montmagny qu’à Montréal, Félix Gingras Genest stipule qu’il n’était pas en tort et qu’il respectait le code de la sécurité routière lorsque ces accidents sont survenus. Même chose pour plusieurs de ses amis cyclistes qui ont aussi été victimes de graves collisions avec des voitures alors qu’ils ne circulaient pas de nature imprudente sur la route.
« Ce qui m’a le plus marqué, lors de mon accident à Montréal, c’est ce que la dame m’a dit quand elle est sortie de son véhicule : “Je ne vous avais pas vu !” »
Félix déplore que pour trop d’automobilistes, les cyclistes demeurent invisibles, et cela, même s’ils font tout pour être vus. Selon lui, certains automobilistes ne s’attendent juste pas à croiser des cyclistes, ce qui les rend inattentifs à leur présence.
« Quand j’enfourche mon vélo, je m’attends à croiser des piétons, des automobilistes. C’est normal, on partage tous la route. Ça ne devrait pas être différent pour les gens derrière le volant de leurs voitures », déclare-t-il.
Et il ne s’agit pas d’une problématique propre aux milieux urbains, selon lui. Il rappelle à cet effet le décès d’un cycliste sexagénaire à Saint-Roch-des-Aulnaies, en septembre dernier. Encore davantage en milieu rural, les cyclistes se font souvent plus rares, donc moins visibles, dit-il. Les accotements de plusieurs routes ne sont souvent pas asphaltés, ce qui nuit en plus à leur sécurité.
« Il y a quand même des avancées. Pour me déplacer souvent à vélo, je sais que la campagne de la SAAQ qui insiste sur le dépassement sécuritaire des vélos en laissant une distance moyenne d’au moins 1,5 m entre les voitures et les cyclistes a été bien comprise par une bonne partie des usagers de la route. »
Félix Gingras Genest n’a pas échangé très longtemps avec Louis-Joseph Couturier, mais suffisamment pour lui témoigner son admiration pour la cause qu’il défend et immortaliser cette rencontre. Pour donner à la campagne de financement de Louis-Joseph Couturier, rendez-vous sur la plateforme GoFundMe.