Près de ses enfants après deux ans et demi de combat

Photo : Kelli McClintock (Unsplash.com).

Martin (nom fictif) savoure depuis peu son nouveau rôle de père auprès de ses jumeaux, nés en avril 2018. Le papa originaire de Saint-Pacôme se battait en cour depuis leur naissance pour des droits de visite que la mère lui refusait à coups de subterfuges qui n’ont fait que retarder les procédures judiciaires.

L’histoire de Martin avait trouvé écho dans la région par le biais de sa famille qui réside toujours au Kamouraska, lui étant aujourd’hui basé à Gatineau. Même là-bas, les journaux de l’endroit se sont intéressés à cette histoire inhabituelle, plusieurs étant touchés par la détermination dont il fait preuve dans ce dossier.

La mère des jumeaux, en couple avec un autre homme lorsqu’elle est tombée enceinte, entretenait au départ une relation extraconjugale avec Martin, à l’insu de celui-ci. Lorsqu’il a appris l’existence de l’autre homme dans la vie de la mère, Martin s’est empressé d’interrompre la relation, a-t-il toujours stipulé.

Ce n’est que quelques semaines plus tard qu’elle l’a informé de sa grossesse et que les doutes sur sa possible paternité ont commencé. Une photo de l’échographie envoyée par la mère à Martin, avec la date approximative de la conception des bébés, est venue cristalliser ses soupçons qui l’ont poussé à consulter un avocat afin de connaître ses droits, avant même la naissance des jumeaux.

Une bataille juridique d’un peu plus de deux ans s’est ensuite enclenchée dans les mois suivants la naissance des jumeaux pour faire reconnaître la paternité de Martin et lui octroyer d’éventuels droits de visite. Autant pour le test d’ADN qui est venu confirmer sa paternité que pour les visites supervisées, la mère a étiré les procédures inutilement en usant de multiples subterfuges dans le but d’éviter de se plier aux ordonnances de la cour, n’hésitant pas à se placer en situation d’outrage au tribunal à plus d’une reprise.

Ce n’est que l’automne dernier qu’une juge, Marie-Josée Bédard, a décidé de mettre un terme au petit manège de la mère, qui n’avait pas obtempéré à l’ordonnance des visites supervisées, par l’imposition d’une amende de 1000 $ et d’une peine d’emprisonnement de trois jours.

« Les premiers contacts ont finalement eu lieu en novembre avec la collaboration de la grand-mère », a confirmé Martin au Placoteux.

Les rencontres supervisées s’étant bien déroulées, celles-ci se déroulent désormais au domicile du père qui les accueille librement une fin de semaine sur deux. Les semaines où il ne les reçoit pas, il va les chercher à la garderie une fois par semaine, le lundi, et il s’entretient avec eux par webcam à un autre moment.

« Le lien s’est tissé très rapidement. Je joue avec eux, je cuisine avec eux, je me dédie entièrement à eux. Ils se sentent bien chez moi et ils m’appellent déjà papa », avoue-t-il, heureux et soulagé.

Martin ne cache pas qu’il n’était pas loin de minuit moins une pour lui lorsqu’il a enfin fait la connaissance de ses enfants, en novembre dernier. Un mois auparavant, son avocat, Me William Desrochers, signifiait au Placoteux que les experts s’entendaient sur le fait que le lien d’attachement entre un parent et un enfant se créait plus naturellement et avec plus de vigueur dans les deux premières années de sa vie. Plus les procédures dans ce dossier s’étiraient et plus Martin se voyait privé d’établir ce précieux lien.

« Si ça ne débloquait pas, on en était à demander la garde exclusive », a déclaré Martin.

Le papa avoue qu’il s’est depuis libéré d’un gros poids sur ses épaules. La bataille n’est cependant pas terminée, car une étude psychosociale a été demandée à la cour afin qu’il puisse augmenter le nombre de contacts. Conséquemment, son milieu de vie et celui de la mère seront évalués incessamment. Martin demeure tout de même confiant.

« Je suis content d’être quelqu’un de déterminé et d’avoir grandi avec de bonnes valeurs, c’est ce qui m’a permis d’aller jusqu’au bout. Deux ans et demi en cour, ça prend beaucoup d’énergie et il faut être très solide pour passer à travers ça. Le système priorise malheureusement encore peu les pères versus les mères. »