50,3 % des étudiants du Cégep de La Pocatière ne seraient pas friands de l’enseignement à distance. Ce chiffre provient de l’enquête Derrière ton écranréalisée l’automne dernier par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
213 étudiants du Cégep de La Pocatière ont répondu à cette enquête lors de la session d’automne, d’indiquer la coordonnatrice générale de l’Association générale des étudiantes et étudiants du cégep de La Pocatière (AGEECLP) Audrey Côté. Environ 760 étudiants étaient alors inscrits dans un ou l’autre des programmes d’études offerts au campus de La Pocatière.
6215 étudiants ont participé en tout à cette étude qui s’intéressait notamment à la formation à distance, la condition étudiante et la santé psychologique. Comme les étudiants étaient invités à indiquer quelle maison d’enseignements ils fréquentaient dès le début de l’enquête, la FECQ a été en mesure de divulguer les données par établissements, ajoute la coordonnatrice de l’AGEECLP.
Enseignement à distance
Les résultats exprimés par les étudiants du Cégep de La Pocatière quant à l’intérêt partagé qu’ils ont pour l’enseignement à distance s’expliquent selon elle par la grosseur de l’établissement et la proximité qui existe en temps normal entre les étudiants et le personnel enseignant. La qualité de l’enseignement n’y serait pour rien, affirme Audrey Côté.
« Le Cégep offre quand même beaucoup de programmes techniques qui eux sont passablement axés sur des activités de laboratoires qui sont souvent difficiles de reproduire à la maison, faute de matériel adéquat », avance également la coordonnatrice afin d’expliquer ces résultats.
Depuis la rentrée automnale 2020, à l’exception des deux semaines de fermeture en septembre occasionnées par l’éclosion de COVID-19 chez les étudiants du Cégep et de l’ITA, le Cégep de La Pocatière fonctionne en formule hybride. Les étudiants font l’essentiel de leur formation à distance, en plus de suivre des cours en présentiel en raison d’une journée par semaine.
Cette pratique, le premier ministre François Legault a d’ailleurs exprimé vouloir la permettre à l’ensemble des établissements collégiaux et universitaires du Québec dans le cadre de l’annonce du petit déconfinement le 2 février dernier. « C’est un âge où le contact social est extrêmement important. La solitude, chez un jeune adulte, je crois que c’est quelque chose de plus difficile à porter », a indiqué la directrice générale du Cégep de La Pocatière Marie-Claude Deschênes.
Les résultats de l’étude tendent d’ailleurs à lui donner raison, puisque 64 % des étudiants affirment vivre de l’isolement et en ressentir les effets sur leur santé psychologique. Le Cégep de La Pocatière est reconnu pour être assez dynamique en matière d’activités socioculturelles, de mentionner Audrey Côté. Toutes celles qui étaient d’ailleurs organisées par l’association étudiante dans le passé n’ont pu être tenues comme prévu en raison de l’interdiction des rassemblements.
« On va travailler pour mettre en place des activités à l’extérieur où il serait possible de se rassembler. On va aussi tenter de créer des rendez-vous virtuels », poursuit-elle.
Marie-Claude Deschênes rappelle de son côté que le Cégep essaie d’être proactif à ce chapitre. Cégep en spectacle s’est tenu en mode virtuel cette année, des rendez-vous sportifs virtuels ont aussi été organisés et des activités plein air ont aussi été proposées. Elle comprend toutefois que cela peut ne pas être « suffisant » pour les étudiants.
Santé mentale
La difficulté à joindre les étudiants par l’impossibilité pour eux de se rassembler dans les lieux communs comme le Mistook ou la cafétéria est un autre enjeu soulevé par Audrey Côté. Selon elle, l’effet pervers de cette contrainte se fait non seulement sentir sur leur santé mentale, mais aussi dans la diffusion de l’information pertinente à ce sujet.
« Il faut se mobiliser différemment et sur plusieurs plateformes comme Facebook et la messagerie interne du Cégep pour être en mesure de les joindre. Ça reste quand même limité et certains ignorent l’existence des services psychologiques en place », poursuit la coordonnatrice.
Le Cégep de La Pocatière ne prend toutefois pas cette situation à la légère et Marie-Claude Deschênes confie être préoccupée par la santé mentale de ses étudiants. Les enseignants ont été sensibilisés à porter une attention particulière aux comportements des étudiants lors de l’enseignement et sur la récurrence de l’absentéisme. Les ressources à l’interne ont même été augmentées, confie-t-elle, par l’embauche à temps plein d’un nouveau travailleur social lors de la session d’automne. Les autres services psychosociaux sont aussi offerts en mode virtuel, même si elle reconnaît que cela a une certaine « limite ».
« Rencontrer son psychologue virtuellement dans le salon, quand les parents sont dans la pièce d’à côté, ce n’est peut-être pas idéal », image-t-elle.
Le Cégep de La Pocatière a fait état d’une belle collaboration avec l’AGEECLP sur plusieurs dossiers, dans la foulée de cette enquête. L’association étudiante confirmait de son côté avoir une rencontre d’organiser avec la direction du Cégep afin de trouver des solutions aux problématiques spécifiques soulevées par Derrière ton écran.