La déception était grande en décembre dernier pour le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL). L’organisme demandait au ministère de l’Environnement d’ajouter sept territoires à la liste des aires protégées, mais seulement trois l’ont été. Le CREBSL n’entend pas baisser les bras pour autant.
Les rivières à saumon Assemetquagan et Patapédia dans de profondes vallées bordées de plateaux forestiers et les sommets des Chic-Chocs à l’ouest du Parc national de la Gaspésie, soit une partie supplémentaire de l’habitat du caribou — une espèce en voie de disparition —, sont les territoires bas-laurentiens retenus par le Ministère le 17 décembre dernier.
Le gouvernement du Québec s’était fixé pour objectif de protéger 17 % du territoire québécois d’ici la fin 2020. La promesse a été tenue, mais l’opération a aussi laissé un goût amer dans plusieurs régions, surtout dans le sud du Québec où plusieurs projets d’aires protégées qui bénéficiaient pourtant d’une grande acceptabilité sociale au sein des communautés n’ont pas été retenus.
« On se réjouit que le 17 % soit atteint au Québec et que trois des territoires qu’on suggérait soient retenus, mais on aurait quand même aimé que tous les projets se concrétisent. Là, il manque des échantillons de biodiversité », déclare Patrick Morin, biologiste et directeur adjoint au CREBSL.
Le lac de l’Est à Mont-Carmel et la zone de biodiversité projetée dans son pourtour font partie de ces quatre territoires non retenus par le Ministère au Bas-Saint-Laurent. Les premières consultations sur ce projet d’aire protégée remontent à 2013, rappelle Patrick Morin. La prochaine cible du gouvernement est maintenant 30 % de territoires protégés pour 2030. L’objectif est ambitieux, mais Patrick Morin croit que des objectifs intermédiaires à atteindre seraient souhaitables d’ici là.
« Si on attend 2030 pour protéger le lac de l’Est, ça fera 17 ans que le milieu régional attend. C’est long », indique-t-il.
Des permis pétroliers émis il y a quelques années quadrillent actuellement les quatre territoires bas-laurentiens non retenus, dont le lac de l’Est, ce qui n’était pas le cas pour les trois autres territoires annoncés le 17 février, de confirmer le CREBSL. Patrick Morin mentionnait que les options qui demeurent afin d’accélérer la protection de ces territoires sont que le gouvernement retire les permis de façon unilatérale, avec ou sans compensation, ou que les détenteurs décident de céder volontairement leurs droits.
« On va continuer de travailler activement sur tous les fronts », poursuivait-il.
Corporation
La directeur général de la Corporation de développement de Mont-Carmel Yves Marion disait également espérer que le lac de l’Est soit protégé avant 2030. Le territoire ciblé fait consensus depuis plusieurs années auprès des villégiateurs, des acériculteurs et des compagnies forestières.
La Corporation se voit d’ailleurs comme la porteuse de ce consensus. Le président Denis Lévesque disait en août dernier souhaiter harmoniser la gestion de la future zone de biodiversité avec son projet de forêt de proximité qui placerait sous sa juridiction les territoires de coupe et d’aménagement forestier.
Le lac de l’Est a été ciblé comme territoire d’exception par le CREBSL au début des années 2010. Sa superficie, son environnement topographique et sa végétation de feuillus sont autant d’éléments qui avaient influencé sa sélection, à l’époque. Notons qu’un moratoire sur toutes les activités d’exploitation de ressources naturelles est appliqué sur le territoire visé par la protection depuis que le projet d’aire protégée est à l’étude au Ministère.