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Le Jardin des Pèlerins a trouvé sa relève

De gauche à droite : Andrée Deschênes, Anne Fortin et Marie-Josée Doré. Photo : Maxime Paradis.

Le Jardin des Pèlerins de Saint-André-de-Kamouraska a trouvé sa relève en la personne de Marie-Josée Doré. L’agronome de Saint-Pacôme, anciennement du Groupe conseil agricole de la Côte-du-Sud, s’y investit depuis maintenant deux ans dans cet objectif.

Ce transfert d’entreprise s’est officialisé il y a quelques semaines, mais il suscite l’attention ne serait-ce que par la nature de l’entreprise Le Jardin des Pèlerins, considérée par plusieurs comme étant pionnière en matière d’agriculture maraîchère biologique au Kamouraska. Créée en 1999 par Andrée Deschênes et Anne Fortin, l’entreprise s’est bâtie sur les terres d’une ancienne ferme ovine qui n’était plus en exploitation depuis environ trois ans.

« Il y avait les bâtiments, mais pas d’équipements, eux, ils avaient été vendus à l’encan. Sinon, tout ce qu’il restait, c’était un petit tas de fumier qui nous a permis de partir notre compost », se souviennent les deux dames.

Comme les anciens éleveurs n’utilisaient pas de pesticides ni de produits chimiques, les deux passionnées d’agriculture ont rapidement obtenu la certification biologique qui a défini le créneau du Jardin des Pèlerins pour les deux décennies suivantes. Elles ont ensuite construit leur entreprise autour de la production maraîchère en champ et en serre, la culture de pommes, de petits fruits et de fines herbes, ainsi que la transformation agroalimentaire.

« Le bio, c’est sûr qu’on en parlait peu à nos débuts, contrairement à aujourd’hui. Implanté un verger bio, ç’a été un travail de longue haleine. Mais le gros défi a surtout été de mettre en place un comptoir de vente de légumes, ce qui était peu commun à l’époque, malgré le fait qu’on est dans une région agricole », ajoutent-elles.

Vivre à l’année de leur production était le souhait partagé par Andrée et Anne qui ont misé beaucoup sur les produits transformés en complémentarité avec la vente de légumes et l’autocueillette en saison estivale. Le pesto, produit pratiquement inconnu du public il y a une vingtaine d’années, ne manquait pas de piquer la curiosité des passants qui voyaient l’affiche l’annonçant en bordure de la route 132. Le jus de pomme, la gourde du pèlerin — une boisson énergétique naturelle —, et surtout le fameux sel du pèlerin dont la renommée dépasse aujourd’hui largement les frontières de la région ont tous fortement contribué au succès de l’entreprise au fil des ans.

« Le sel, on l’a créé en 2000. Ç’a clairement été notre coup de génie. On avait une grosse platebande de fines herbes qu’on n’avait pas trop vendues durant l’été. On se demandait quoi faire avec. On a décidé de faire 200 bouteilles d’un sel assaisonné. On les a données autour de nous. À partir des commentaires des gens, on a travaillé la recette pour la mettre au point et la réponse a été instantanée », racontent Andrée et Anne.

La relève

Marie-Josée Doré a connu Andrée et Anne par personnes interposées. Elle s’est jointe à elles au printemps 2019 pour faire du bénévolat, mais avec l’envie de prendre un jour la relève d’une entreprise comme la leur. Tous les vendredis cet été-là, elle venait donner un coup de main, ce qui lui a permis de prendre le pouls rapidement.

« Dès l’automne, je faisais le saut, après 11 ans et demi passés au Groupe conseil agricole. Je voulais vivre le cycle complet durant une année avant que le transfert d’entreprise s’officialise », explique-t-elle.

Marie-Josée est propriétaire du Jardin des Pèlerins depuis décembre 2020. Elle est appuyée dans son aventure par son conjoint Yannick Poitras. Reprendre les rênes de l’entreprise la stimule au plus haut point, mais elle avoue que les chaussures d’Anne et Andrée sont imposantes. Elle est convaincue qu’elle saura apporter sa couleur à l’entreprise au fil du temps, mais elle vise pour l’essentiel le statu quo dans la production et la mise en marché des produits existants.

« La biodiversité qu’elles ont créée est unique. Participer à ça, c’est extraordinaire et ça me donne des ailes pour la suite. C’est une belle entreprise que je suis fière de reprendre et dont je veux conserver l’esprit. »