Une forme d’incertitude plane à l’heure actuelle autour de l’exportation éventuelle des produits de l’érable issus de la production actuellement en cours au Québec. En cette période de pandémie de la COVID-19, la Fédération des producteurs et productrices acéricoles du Québec espère donc que la demande locale ne diminuera pas.
Plus de 80 % de la production de sirop d’érable produit au Québec est exportée sur les marchés internationaux, selon la Fédération. 2019 a d’ailleurs été une année record de ce côté avec une hausse de 5 % par rapport aux exportations de 2018, avec un total de 111 millions de livres vendues à l’extérieur des frontières du Québec.
Dans le contexte actuel de la pandémie, où les frontières des pays sont fermées à la circulation des gens, mais toujours ouvertes au libre passage des marchandises, la Fédération avoue se questionner à savoir les débouchés seront les mêmes pour les produits de l’érable québécois sur le marché mondial, la situation changeant de façon presque quotidienne. Néanmoins, la directrice des communications corporatives, Hélène Normandin, ne s’en fait pas outre mesure.
« C’est un produit de consommation qui se conserve. On a une réserve stratégique qui permet bon an mal an de maintenir un approvisionnement régulier. Si on se retrouve avec un surplus qu’on ne réussit pas à vendre, on va le stocker. À court ou moyen terme, les producteurs et productrices acéricoles vont peut-être le ressentir, mais à long terme, ça va se stabiliser », résume-t-elle.
La directrice des communications corporatives avoue également ne pas savoir comment se portera le marché québécois dans les circonstances. Avec les différents appels lancés pas nos gouvernements à l’achat local, il est possible qu’une demande accrue pour les produits de l’érable se fasse sentir au Québec dans les prochaines semaines. La Fédération incite donc les producteurs acéricoles à s’inscrire gratuitement sur son site erabledici.ca qui recense les érablières les plus près de chez nous où se procurer des produits de l’érable, ou d’inciter le consommateur à se tourner vers l’achat en ligne auprès des producteurs qui disposent de sites transactionnels.
Cabanes à sucre « commerciales »
Les cabanes à sucre « commerciales », qui ont la particularité de produire ou non du sirop d’érable et qui se démarquent principalement par leur service de repas en période des sucres, sont une source de préoccupation pour la Fédération, reconnaît Hélène Normandin. Elle dénombre une centaine de ces entreprises dans tout le Québec.
« Eux, la situation actuelle est catastrophique, car leur chiffre d’affaires est souvent concentré durant deux mois dans l’année que sont mars et avril. On évalue de déposer une demande d’aide gouvernementale en leur nom actuellement. Mais il faut aussi dire que plusieurs entreprises se sont tout de même tournées vers la livraison de repas à domicile. », indique-t-elle. C’est le cas notamment de l’Érablière Nathalie Lemieux de Saint-Pascal dont Le Placoteux rapportait la semaine dernière s’être adaptée à la situation en misant sur les commandes pour emporter durant les fins de semaine.
Autrement, la Fédération travaille actuellement un modèle de lettre pour les acériculteurs habitant à l’extérieur des régions administratives actuellement « fermées » aux allers et venues des non-résidents. Celle-ci pourra être présentée aux barrages policiers par les producteurs dans le but que ceux-ci puissent leur accorder le passage. Des cas de ce type ont été vécus par des producteurs acéricoles de L’Islet disposant d’érablières au Kamouraska, depuis la mise en place du barrage routier à La Pocatière, le 28 mars dernier. Rappelons que l’acériculture a été décrétée « production essentielle » par le gouvernement provincial.