Dans une lettre adressée au Directeur du service de l’urbanisme de La Pocatière, M. Jacques Desjardins, et dont Le Placoteux a obtenu copie, l’organisme Action Patrimoine demande à la Ville de modifier son règlement qui régit la démolition d’immeubles sur son territoire afin d’éviter la démolition prochaine de la Villa Saint-Jean, qui est sur le point d’être vendue. (À lire également : Démolition de la Villa Saint-Jean : le diocèse et la Ville réagissent).
Construite en 1956, la Villa Saint-Jean avait pour vocation d’accueillir des prêtres retraités ou convalescents. Ses concepteurs étaient les architectes Lucien Mainguy et Zbigniew Jarnuszkiewicz. Dans le cas du premier, il a conçu de nombreux bâtiments pour d’autres communautés religieuses de la région de Québec, alors que le second a reçu en 2001 la médaille du mérite de l’Ordre des architectes du Québec pour l’ensemble de son œuvre.
En vente et inhabitée depuis 2010, ce n’est que tout récemment que le Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière a reçu une proposition sérieuse d’un acheteur désireux d’en faire l’acquisition. Cependant, cette vente serait conditionnelle au dézonage du terrain par la Ville de La Pocatière. Et selon l’économe diocésain, M. Yvan Thériault, l’acquéreur procéderait aussi à la démolition de la Villa, une avenue avec laquelle le Diocèse a également jonglé au cours des dernières années.
« Les bâtiments de l’époque moderne au Québec sont souvent mal-aimés, car ils sont souvent moins bien entretenus, ou parce qu’ils sont faits de matériaux qui vieillissent moins bien, ou encore parce qu’ils sont entourés de stationnement et qu’ils ont moins de végétation. C’est le grand défi du patrimoine moderne que de sensibiliser la population à leur valeur. C’est qu’on tâche de faire. » – Alexandre Petitpas
C’est pourquoi Action Patrimoine, organisme privé à but non lucratif qui œuvre depuis 1975 à protéger et mettre en valeur le patrimoine bâti et les paysages culturels du Québec, a décidé d’interpeller la Ville de La Pocatière par le biais de Directeur du service de l’urbanisme. « C’est un bâtiment d’intérêt qui mérite d’être considéré par la Ville », peut-on lire. « Avant d’autoriser le changement de zonage demandé pour le site de la Villa Saint-Jean, la municipalité devrait s’assurer d’avoir toutes les informations en main sur celui-ci », d’ajouter plus loin l’auteure de la lettre, Mme Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action Patrimoine.
Évêché et Cathédrale
Afin d’éviter une démolition prochaine du bâtiment, Action Patrimoine suggère à la Ville de La Pocatière de revoir son règlement qui régit la démolition d’immeubles construits avant 1951 sur son territoire pour y inclure ceux de la période moderne, qui au Québec s’étale de 1945 à 1975. Ainsi, non seulement la Villa Saint-Jean serait protégée, mais également deux autres bâtiments appartenant au Diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, soit le siège de l’Évêché construit en 1960 et la Cathérale Sainte-Anne-de-la-Pocatière bâtie en 1970. D’ailleurs, dans le cas de la dernière, le Conseil du patrimoine religieux du Québec lui accorde la cote C sur une échelle allant de A à E, qui représente évaluation considérée comme « Supérieure » dans le cadre de la hiérarchisation régionale de son « Inventaire des lieux de culte du Québec. »
« Les bâtiments de l’époque moderne au Québec sont souvent mal-aimés, car ils sont souvent moins bien entretenus, ou parce qu’ils sont faits de matériaux qui vieillissent moins bien, ou encore parce qu’ils sont entourés de stationnement et qu’ils ont moins de végétation. C’est le grand défi du patrimoine moderne que de sensibiliser la population à leur valeur. C’est qu’on tâche de faire », de préciser l’agent avis et prise de position chez Action Patrimoine, M. Alexandre Petitpas.