Le président de l’UPA du Bas-Saint-Laurent Gilbert Marquis est en quête d’une vision d’avenir pour l’agriculture de la région, au sortir de la crise de la COVID-19. S’il a déjà une bonne idée de la direction à prendre, paradoxalement, c’est à partir de l’expérience du passé qu’il envisage ce futur.
Gilbert Marquis n’a pas mâché ses mots. Avec son franc parlé habituel, il a déclaré : « Il faut revenir 50 ans en arrière! »
Fermeture des abattoirs et des usines à lait, pour ne nommer que ceux-là, les dernières années ont vu le Bas-Saint-Laurent devenir de plus en plus dépendant des autres régions du Québec dans la transformation des produits issus de son agriculture, de rappeler le président. Dans le contexte de la pandémie actuelle, il s’inquiète maintenant des répercussions possibles pour les producteurs de chez nous.
« Si on est obligé de fermer des abattoirs en ville parce que des employés ont contracté le coronavirus, on va faire quoi avec nos bêtes, nous. C’est des pertes énormes qui sont à prévoir », poursuit-il.
Cette inquiétude, elle est aussi valable dans un contexte de fermeture des frontières aux produits étrangers, selon Gilbert Marquis. S’il reconnaît que le Québec peut très bien se passer de bananes, il en est autrement de ce qui est cultivé et élevé sur son propre territoire. Une vision plus régionale de l’agriculture doit donc être envisagée afin de viser une forme d’autosuffisance des régions en denrées alimentaires. Le gouvernement devrait d’ailleurs donner l’exemple, selon lui.
« Ça fait 20 ans que je dis qu’il faudrait rentrer nos produits dans les hôpitaux, les écoles. Le gouvernement n’était pas encore là, mais il va falloir qu’il prenne cette direction-là », a-t-il rappelé.
Une lettre à l’attention des députés du Bas-Saint-Laurent afin d’organiser une rencontre virtuelle avec eux a d’ailleurs été envoyée par l’UPA récemment, a-t-il confirmé. Le président croit que le contexte de la COVID-19, aussi triste soit-il, représente l’occasion pour regarder ce qui peut être fait en matière d’agriculture au Bas-Saint-Laurent.
« Il y a urgence d’agir. Je suis bien d’accord pour me laver les mains, mais j’aimerais aussi qu’on se prenne en main et c’est possible de le faire. Il y a des projets d’avenir qu’on peut mettre de l’avant maintenant, mais ça ne se fait pas tout seul et pour ça il faut que tout le monde avance dans le même sens », ajoute-t-il.
Producteurs laissés-pour-compte
Gilbert Marquis a salué la transparence du gouvernement Legault lors de ses points de presse quotidiens depuis le début de la pandémie. Il déplore toutefois que peu d’attention soit accordée aux producteurs agricoles qui sont plutôt laissés-pour-compte dans les circonstances, alors que repose sur eux la lourde tâche de « nourrir le monde ».
Le stress est au rendez-vous chez plusieurs producteurs, soulignent-ils. Certains se demandent si les grains pour les semences rentreront à temps, alors que d’autres, comme les producteurs de porc, qui exportent massivement leur production à l’étranger, s’inquiètent d’une fermeture éventuelle des frontières à leurs produits.
« La santé psychologique de nos producteurs est mise à rude épreuve à l’heure actuelle. On avait annoncé des travailleurs de rang pour le Bas-Saint-Laurent, récemment. On n’entend plus parler de rien. Nous sommes tous confinés chez nous, mais il est sûrement possible de mettre le service en place quand même et de les faire travailler à partir de chez eux », suggèrent-ils.