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Alloprof reçoit 600 000 $

Natacha Blanchet. Photo : Courtoisie

Grâce à un don de 600 000 $ de RBC, Alloprof bonifie son offre pour soutenir les enseignants, alors que la demande pour ses services ne cesse de croître. Une aide précieuse, mais qui met aussi en lumière des lacunes persistantes dans le réseau scolaire, selon la présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage.

« C’est sûr que la demande grandissante pour Alloprof est le symptôme d’un problème plus large », dit Natacha Blanchet, présidente du syndicat, en réaction à l’annonce du financement octroyé à l’organisme.

Alloprof a récemment confirmé que l’utilisation de sa plateforme Alloprof Enseignants a bondi de 150 % en un an, signe d’un besoin accru d’outils pédagogiques accessibles. Grâce à l’appui de RBC, l’organisation pourra offrir de nouvelles ressources aux enseignants, notamment des plans de cours clé en main, des répertoires de révision pour les examens, et une formation continue gratuite.

Si l’initiative est saluée, Mme Blanchet y voit aussi une réponse à un système sous pression. « Les élèves ont de plus en plus de besoins particuliers, et les ressources en classe ne suffisent plus. On se retrouve à saupoudrer l’aide un peu partout, sans réel impact durable. »

Une pression grandissante sur le réseau scolaire

Dans le cadre de sa tournée des écoles, la présidente syndicale observe les défis quotidiens rencontrés par le personnel enseignant. « Il y a du soutien en classe, mais pas assez pour répondre à la diversité des besoins. Avec 50 % d’élèves ayant des difficultés particulières, on ne peut pas simplement ajouter quelques heures de service ici et là, et espérer que tout se règle », explique-t-elle.

Selon elle, la logique d’inclusion qui vise à garder tous les élèves dans des classes régulières accentue la pression sur les enseignants. « On se retrouve avec des élèves en quatrième année qui n’ont pas atteint les bases en français ou en mathématiques de première année. Le retard s’accumule, et les parents finissent par se tourner vers des solutions comme Alloprof pour pallier ces manques. »

Une aide appréciée, mais insuffisante

Alloprof offre une alternative précieuse, notamment en raison de la pénurie d’enseignants qui sévit dans la province. Certains professeurs travaillent même pour l’organisme en dehors de leurs heures de classe, contribuant ainsi à offrir du soutien scolaire téléphonique et en ligne.

Pour Mme Blanchet, il faudrait revoir la structure actuelle du système éducatif. « La solution passe par une meilleure organisation des ressources : regrouper les élèves ayant des besoins similaires, et offrir un soutien plus ciblé. Actuellement, on éparpille l’aide, ce qui limite son efficacité », dit-elle, concluant que l’annonce d’Alloprof, bien que positive, devrait surtout servir de signal d’alarme. « On est en train de créer une école à trois vitesses : le privé, les écoles à projets particuliers, et l’école publique ordinaire qui doit composer avec des défis de plus en plus grands. »

Elle plaide pour un grand débat sur l’avenir de l’éducation au Québec. « On doit revoir nos priorités, sinon on va continuer de colmater les brèches sans jamais régler le problème à la source. »

Natacha Blanchet. Photo : Courtoisie