L’enseignant en histoire et en politique au Cégep de La Pocatière, Éric Ouellet, n’a que de bons mots à dire sur la gestion de crise faite par le gouvernement Legault en réaction à la pandémie de COVID-19. Il est toutefois un peu moins critique que d’autres concernant le premier ministre canadien Justin Trudeau dans les circonstances.
Si une nouvelle crise sanitaire comme celle que nous vivons actuellement éclatait dans les prochaines années, nombreux seront les gouvernements au pays qui s’inspireront de l’approche Legault, selon Éric Ouellet. Conférences de presse quotidiennes, message clair, transparent et direct, le premier ministre et ses comparses Danielle McCann et le Dr Horacio Arruda sont tout sauf dans une opération de « relation publique », ajoute-t-il.
« C’est comme ça depuis le début de la crise. Ces trois-là se complètent à merveille. On ne sent pas d’hésitation, on n’entend pas de propos controversés non plus. Et pourtant, ça pourrait être le cas. Il y a environ cinq minutes de réellement définies pour chaque point de presse. Après ça, les trois sont sans filet quand ils répondent aux questions des journalistes », fait remarquer l’enseignant.
La rapidité avec laquelle la crise a aussi été prise au sérieux par le gouvernement québécois accentue cette impression de lenteur dans le temps des réactions du fédéral. À la défense de Justin Trudeau, Éric Ouellet souligne que les gouvernements des autres provinces canadiennes ont aussi été longs à réagir, et cela, malgré le fait que certaines d’entre elles avaient beaucoup plus de cas de déclarés que le Québec.
« Depuis quelques jours, on sent qu’on se reprend du côté fédéral. On a annoncé la fermeture de la frontière, des mesures économiques ont été annoncées. Mais ce qu’il manque à M. Trudeau, c’est une équipe à ses côtés lors des points de presse qui pourraient prendre la balle au bond sur des questions plus pointues. On comprend qu’il est en quarantaine parce que sa conjointe a été infectée, mais avec les moyens d’aujourd’hui, il serait possible d’organiser quelque chose », a-t-il mentionné.
Frein au populisme?
Ailleurs dans le monde, Éric Ouellet souligne qu’il sera intéressant de voir l’héritage que laissera la crise du COVID-19, une fois qu’elle sera terminée. La dernière décennie a vu les démocraties d’Europe et des États-Unis flirter avec le populisme. Pour l’enseignant en histoire et en politique, ces mouvements s’inscrivent dans une pensée axée souvent sur l’individu au détriment du devoir collectif. La pandémie du coronavirus force actuellement un retour des valeurs de solidarité au sein de la société, un message que porte l’ensemble des gouvernements qui eux gagnent également en crédibilité auprès de la population, après avoir été durement malmenés dans le discours populaire ces dernières années.
« Il sera intéressant d’observer ce qui va rester du COVID-19 quand tout sera terminé. On va peut-être redécouvrir nos commerces locaux et s’intéresser davantage à nos amis, nos voisins et les membres de notre famille », conclut-il, sur une note optimiste.