Appuyer le recul du Québec avec Jean Charest : Lettre à Bernard Généreux, Norbert Morin et Jean D’Amour

Bernard Généreux en compagnie de Jean Charest. Photo : Facebook Bernard Généreux.

Messieurs, permettez-moi de vous rafraîchir la mémoire sur le passé de ce Jean Charest que vous appuyez à l’unisson, dans une touchante unanimité.

Si la devise du Québec demeure « Je me souviens », la vôtre semble être « J’oublie tout ». Pire : « Je pardonne tout ».

Jean Charest, feignez-vous de l’oublier, c’est l’homme d’Ottawa, celui que les fédéralistes les plus centralisateurs ont catapulté dès 1997 à la tête du Parti libéral du Québec avec la mission d’éteindre les restes des braises indépendantistes qui couvaient encore faiblement sous les cendres de l’échec du référendum de 1995. C’est la variante sur deux pattes du scandale des commandites. C’est notre soumission collective déguisée en politicien aguerri. C’est, en somme, l’incarnation de notre recul collectif tous azimuts.

Jean Charest, c’est aussi celui qui a daigné se rabaisser à diriger une province récalcitrante, le Québec, en rongeant son frein dans l’attente du jour où il pourrait réaliser son rêve de devenir premier ministre du pays de son allégeance première et fondamentale, le Canada coast to coast.

C’est ainsi que les Québécois ont dû, de 2003 à 2012, endurer le plus fédéraliste des premiers ministres québécois de l’ère moderne en l’observant, impuissants, dépecer sans états d’âme ce qu’il nous restait de cohésion nationale… cohésion qui a exhalé son dernier râle dans les bras de Philippe Couillard. À preuve : je vous mets au défi, messieurs, de me nommer une seule mesure structurante adoptée sous ces règnes successifs dans les domaines vitaux pour l’avenir du Québec… Ce faux nationaliste n’a jamais formulé l’ombre du début du bout de la queue d’une demande pour rapatrier d’Ottawa des pouvoirs en immigration, en culture, en éducation ou en télécommunications. Tout en anglicisant plus que jamais le Québec, des écoles passerelles à l’anglais intensif au primaire, sans oublier de surinvestir dans le réseau collégial et universitaire anglais.

Ceux qui se demandaient pourquoi diable Jean Charest agissait ainsi trouvent aujourd’hui leur réponse, claire et nette : le Québec ne lui servait que de tapis pour s’essuyer les pieds, de strapontin avant d’entrer par la grande porte fédérale. Il savait très bien que le régime néocolonial canadian récompense généreusement ses serviteurs, et qu’affaiblir le Québec est la meilleure façon de gagner du galon dans ce Canada unitaire qui nous tient en tutelle et qui a érigé en sport national l’art de dénigrer sa province rebelle.

Il n’y a donc que pour les fédéralistes centralisateurs et autres anglophiles carriéristes que Charest ressemble à un sauveur.

Heureusement pour nous, cet appui public vous démasque : pour vous trois, c’est, en tout et toujours, « Canada first ».

Maintenant que votre collabo bilingue a terminé sa mission en territoire conquis, votre triste trio est désormais prêt à le suivre aveuglément. Mais dites-nous, messieurs, quelles ambitions personnelles caressez-vous ? Quels postes de ministres convoitez-vous ? Pour vos électeurs, le constat est clair : les avantages ne pleuvront que sur vous. Et mon calcul, limpide et sans appel : zéro + zéro + zéro = zéro.

Jean-François Vallée, La Pocatière