Arbol : L’art de faire sa chance

Stéphane Dumont. Photo : JHA Photographie.

2020 aurait pu être beaucoup plus pénible pour l’entreprise Arbol de Rivière-Ouelle, de l’avis de son propriétaire Stéphane Dumont. Une série d’opportunités qu’il ne s’est pas gêné de saisir, combinée à l’imposition d’un leadership positif continu auprès de son équipe de travail ont permis à l’entreprise d’ébénisterie spécialisée dans les meubles et les articles de cuisines au design novateur de se démarquer ici et à l’étranger.

Stéphane Dumont hésite à s’approprier le mot résilience en parlant de l’année 2020. Tous les entrepreneurs en ont fait preuve au courant de la dernière année, selon lui. L’ébéniste rivelois préfère plutôt parler de leadership positif, une approche qu’il s’est imposée comme l’aurait probablement fait un régiment militaire.

« Le moral des employés était affecté, c’est normal. C’est un défi ça pour la gestion des ressources humaines. Être positif dans les circonstances, coûte que coûte, c’était un bon défi, mais je devais ça à mes employés. Et ma gang a bien suivi », indique-t-il.

Outre le confinement printanier où il s’est retrouvé seul dans son atelier avec l’aide ponctuelle de ses deux fils, Stéphane Dumont emploie généralement cinq à six employés temps plein et trois temps partiels. Si les règles sanitaires avaient été moins strictes, des employés à temps complet, il en aurait même embauché davantage, dit-il, tellement il a été difficile de satisfaire toutes les boutiques où Arbol vend habituellement ses produits dans les derniers mois.

« Avant Noël, on a fait des semaines de plus de 300 commandes. Il aurait fallu être deux aux envois, mais c’était impossible. Mon employée a fait des horaires de fou pour répondre à la demande », raconte-t-il.

Cet engouement tient en grande partie à la boutique en ligne d’Arbol et une autre lancée en juillet dernier sur la plateforme Etsy, destinée davantage au marché international. Les ventes, ici comme ailleurs, ont littéralement explosée, d’indiquer l’ébéniste.

« On a envoyé nos produits au Danemark, en Californie, au Texas, à Honk Kong », énumère-t-il. Et c’est sans parler de Londres au Royaume-Uni où Arbol a déjà une place de choix depuis cinq ans au sein d’une boutique haut de gamme souvent fréquentée par des diplomates étrangers.

« Quand j’ai su que tous les salons de métiers d’art étaient annulés, ç’a été une véritable claque dans la face. Je me suis levé un matin en passant que j’allais faire faillite pour finalement me retrouver quelques semaines plus tard à travailler 70 h/semaine parce que je ne fournissais plus à la demande. »

Stéphane Dumont se considère donc chanceux. Une chance qu’il attribue à plusieurs facteurs qu’il ne contrôle pas, comme l’intérêt marqué pour l’achat local depuis le début de la pandémie, la visibilité apportée par différents reportages, dont la Fabrique culturelle de Télé-Québec, qui ont permis de valoriser ses produits en bois géoréférencé, et le développement de marchés passés, entre autres par le biais de la chaîne Simons et de sa Fabrique 1840, où Arbol se distingue depuis plus d’un an au sein d’une panoplie de produits conçus par des créateurs canadiens à la conscience esthétique et environnementale bien aiguisée.

« Je crois qu’on a été opportuniste au bon moment. Des “foodies”, il y en a toujours eu, mais cette année on s’est ouvert à une nouvelle clientèle et je crois que c’est ce qui nous a catapultés dans la dernière année. Je suis aussi confiant que cet engouement va se poursuivre. Les salons, ça va revenir et on va en refaire, mais le virage web, c’est là pour rester. »